Simenon, Georges - Lombre chinoise Страница 13

Тут можно читать бесплатно Simenon, Georges - Lombre chinoise. Жанр: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив, год неизвестен. Так же Вы можете читать полную версию (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте «WorldBooks (МирКниг)» или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Simenon, Georges - Lombre chinoise

Simenon, Georges - Lombre chinoise краткое содержание

Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - Lombre chinoise» бесплатно полную версию:

Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l'asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils. Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumière. A peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l'une d'elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles. Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes qu'une petite personne sortit de l'ombre. - C'est à vous que je viens de téléphoner ? Il devait y avoir longtemps qu'elle guettait. Malgré le froid de novembre, elle n'avait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiets.


[http://www.amazon.fr/Maigret-LOmbre-chinoise-Georges-Simenon/dp/2253142514](http://www.amazon.fr/Maigret-LOmbre-chinoise-Georges-Simenon/dp/2253142514)

Simenon, Georges - Lombre chinoise читать онлайн бесплатно

Simenon, Georges - Lombre chinoise - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

Maigret ne bronchait pas. Il avait une tête de plus que les autres. Son visage était placide.

« … parce qu’il n’est pas revenu avec l’argent… »

Alors, c’était ça ? Le petit M. Martin, pris de peur ou de remords au souvenir de son crime ? Martin qui avouait s’être promené ce soir-là dans l’île Saint-Louis pour chasser ses névralgies !…

Maigret esquissa quand même un sourire, parce qu’il imaginait Mme Martin qui avait tout vu de sa fenêtre et qui attendait.

Son mari rentrait, las, abattu. Elle suivait ses faits et gestes. Elle attendait de voir les billets, peut-être de les compter…

Il se déshabillait. Il s’apprêtait à se coucher.

N’était-ce pas elle qui allait ramasser ses vêtements pour fouiller les poches ?

L’inquiétude naissait. Elle regardait Martin aux moustaches lugubres.

« Le… la… l’argent ?…

— Quel argent ?…

— À qui l’as-tu donné ?… Réponds !… N’essaie pas de mentir… »

Et Maigret, en descendant de l’autobus, au Pont-Neuf, d’où il apercevait les fenêtres de son bureau, se surprit à prononcer à mi-voix :

« Je parie que, dans son lit, Martin s’est mis à pleurer !… »

X

PIÈCES D’IDENTITÉ

Cela commença à Jeumont. Il était onze heures du soir. Quelques voyageurs de troisième classe se dirigeaient vers les locaux de la douane, tandis que les douaniers commençaient l’inspection des wagons de seconde et de première.

Des gens minutieux préparaient leur valise d’avance, étalaient des objets sur la banquette. C’était le cas d’un homme aux yeux inquiets, en deuxième classe, dans un compartiment où il n’y avait en outre qu’un vieux ménage belge.

Ses bagages constituaient un modèle d’ordre et de prévoyance. Les chemises, pour éviter qu’elles se salissent, étaient enveloppées dans des journaux. Il y avait douze paires de manchettes, des caleçons chauds et des caleçons d’été, un réveille-matin, des souliers et une paire de pantoufles fatiguées.

Dans l’arrangement, on sentait une main de femme. Pas une place n’était perdue. Rien ne pouvait se friper. Un douanier remuait ces choses d’une main négligente, en observant l’homme en pardessus mastic qui avait bien la tête à posséder de telles valises.

« Ça va ! »

Une croix à la craie sur les bagages.

« Rien à déclarer, vous autres ?

— Pardon ! demanda l’homme, où commence exactement la Belgique ?

— Vous voyez la première haie, là-bas ? Non ! Vous ne voyez rien ! Mais tenez… Comptez les lampes… La troisième à gauche… Eh bien, c’est la frontière… »

Une voix dans le couloir, répétant devant chaque porte :

« Préparez les passeports, cartes d’identité ! »

Et l’homme en pardessus mastic faisait des efforts pour remettre ses valises dans le filet.

« Passeport ? »

Il se retourna, vit un jeune homme coiffé de gris.

« Français ?… Votre carte d’identité, alors… »

Cela prit quelques instants. Les doigts fouillaient le portefeuille.

« Voici, monsieur !

— Bon ! Martin Edgar-Émile… C’est bien ça !… Suivez-moi…

— Où ?…

— Vous pouvez emporter vos valises…

— Mais… le train… »

Les deux Belges le regardaient maintenant avec effroi, flattés quand même d’avoir voyagé avec un malfaiteur. M. Martin, les prunelles écarquillées, montait sur la banquette pour reprendre ses sacs de voyage.

« Je vous jure… Qu’est-ce que… ?

— Dépêchez-vous… Le train va repartir… »

Et le jeune homme chapeauté de gris fit rouler la plus lourde des valises sur le quai. Il faisait noir. Dans le halo des lampes, des gens couraient, revenant du buffet. Coup de sifflet. Une femme discutait avec les douaniers qui ne la laissaient pas repartir.

« On verra ça demain matin… »

Et M. Martin suivait le jeune homme en portant péniblement ses bagages. Jamais il n’avait imaginé un quai de gare aussi long. C’était une vraie piste, interminable, déserte, bordée de portes mystérieuses.

Enfin, on poussa la dernière.

« Entrez ! »

C’était sombre. Rien qu’une lampe à abat-jour vert, suspendue si bas, au-dessus de la table, qu’elle n’éclairait que quelques papiers. Pourtant quelque chose remuait au fond de la pièce.

« Bonjour, monsieur Martin !… » fit une voix cordiale.

Et une énorme silhouette se détacha de l’ombre : le commissaire Maigret, engoncé dans son lourd pardessus à col de velours, les mains dans les poches.

« Pas la peine de vous débarrasser. Nous reprenons le train de Paris, qui va arriver sur la troisième voie… »

Cette fois, c’était certain ! Martin pleurait, en silence, les mains immobilisées par ses valises si bien arrangées.

L’inspecteur qui avait été mis en faction, 61, place des Vosges, avait téléphoné à Maigret, quelques heures plus tôt :

« Notre homme est en train de filer… Il a pris un taxi et s’est fait conduire à la gare du Nord…

— Laissez filer… Continuez à surveiller la femme… »

Et Maigret avait pris le même train que Martin. Il avait voyagé dans le compartiment voisin, avec deux sous-officiers qui, tout le long du chemin, avaient raconté des histoires galantes.

De temps en temps, le commissaire collait son œil au petit judas qui séparait les compartiments, apercevait un Martin lugubre.

Jeumont… Carte d’identité… Bureau du commissaire spécial.

Maintenant, ils revenaient tous les deux à Paris, dans un compartiment réservé. Martin n’avait pas de menottes aux poignets. Ses valises étaient dans le filet au-dessus de sa tête, et l’une d’elles, mal équilibrée, menaçait de lui tomber dessus.

À Maubeuge, Maigret n’avait pas encore posé une seule question.

C’était hallucinant ! Il était calé dans son coin, la pipe aux dents. Il n’arrêtait pas de fumer, en regardant son compagnon de ses petits yeux amusés.

Dix fois, vingt fois, Martin avait ouvert la bouche sans se décider à parler. Dix fois, vingt fois, le commissaire n’y avait même pas pris garde.

Cela finit pourtant par se produire : une voix impossible à décrire, que Mme Martin elle-même n’eût sans doute pas reconnue.

« C’est moi… »

Et Maigret ne parlait toujours pas. Ses prunelles semblaient dire :

« Vraiment ?

— Je… J’espérais passer la frontière… »

Il y a une façon de fumer qui est crispante pour celui qui regarde le fumeur : à chaque bouffée, les lèvres s’entrouvrent voluptueusement, avec un petit « poc ». Et la fumée n’est pas lancée en avant, mais s’échappe avec lenteur, forme un nuage autour du visage.

Maigret fumait ainsi et sa tête allait de droite à gauche et de gauche à droite au rythme des boggies.

Martin se penchait, les mains douloureuses dans les gants, les yeux pleins de fièvre.

« Est-ce que vous croyez que ce sera long ? Non, n’est-ce pas ? puisque j’avoue… Car j’avoue tout… »

Comment faisait-il pour ne pas sangloter ? Tous ses nerfs devaient lui faire un mal atroce. Et ses yeux, de temps en temps, devenaient suppliants, disaient clairement à Maigret :

« Aidez-moi donc !… Vous voyez bien que je suis à bout de forces… »

Mais le commissaire ne bougeait pas. Il était aussi placide, avec le même regard curieux mais sans passion, que dans un jardin zoologique, devant la cage d’un animal exotique.

« Couchet m’a surpris… Alors… »

Et Maigret soupira. Un soupir qui ne voulait rien dire, ou plutôt qui pouvait être interprété de cent façons différentes.

Saint-Quentin ! Des pas dans le couloir. Un gros voyageur essaya d’ouvrir la porte du compartiment, s’aperçut qu’elle était fermée, resta un instant à regarder à l’intérieur, le nez écrasé contre la glace, et se résigna enfin à chercher une autre place.

« Puisque j’avoue tout, n’est-ce pas ?… Ce n’est pas la peine de nier… »

Exactement comme s’il eût parlé à un sourd, ou à un homme ne comprenant pas un traître mot de français. Maigret bourrait sa pipe, avec de minutieux coups d’index.

« Vous avez des allumettes ?

— Non… Je ne fume pas… Vous le savez bien… C’est ma femme qui n’aime pas l’odeur du tabac… Je voudrais que ce soit vite fait, comprenez-vous ?… Je le dirai à l’avocat que je vais être obligé de choisir… Pas de complications !… J’avoue tout… J’ai lu dans le journal qu’on a retrouvé une partie des billets… Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça… De les sentir dans ma poche, il me semblait que tout le monde, dans la rue, me regardait… J’ai d’abord pensé à les cacher quelque part… mais pour quoi faire ?…

« J’ai marché le long du quai… Il y avait des péniches… Je craignais d’être vu par un marinier…

« Alors j’ai franchi le pont Marie et, dans l’île Saint-Louis, j’ai pu me débarrasser du paquet… »

Le compartiment était chauffé à blanc. La buée ruisselait sur les vitres. La fumée de pipe s’étirait autour de la lampe.

« J’aurais dû tout vous avouer la première fois que je vous ai vu… Je n’en ai pas eu le courage… J’ai espéré que… »

Martin se tut, regarda curieusement son compagnon qui avait entrouvert la bouche et fermé les yeux. Une respiration égale comme le ronron d’un gros chat satisfait !

Maigret dormait !

L’autre eut un regard vers la portière qu’il suffisait de pousser. Et, comme pour échapper à la tentation, il se blottit dans un coin, serrant les fesses, ses deux mains affolées sur ses genoux maigres.

La gare du Nord. Un matin gris. Et la foule de banlieue, mal éveillée, franchissant les portes en troupeau.

Le train s’était arrêté très loin du hall. Les valises étaient lourdes. Martin ne voulait pas s’arrêter. Il était à bout de souffle et ses deux bras lui faisaient mal.

Il fallut attendre assez longtemps un taxi.

« Vous me conduisez en prison ? »

Ils avaient passé cinq heures en train et Maigret n’avait pas prononcé dix phrases. Et encore ! Des phrases qui n’avaient trait ni au crime ni aux trois cent soixante mille francs ! Il parlait de sa pipe, ou de la chaleur, ou de l’heure d’arrivée.

« 61, place des Vosges ! » dit-il au chauffeur.

Martin supplia :

« Vous croyez que c’est nécessaire que… »

Et pour lui-même :

« Qu’est-ce qu’ils doivent penser, au bureau !… Je n’ai pas eu le temps de prévenir… »

Dans sa loge, la concierge triait le courrier : un gros tas de lettres pour les Sérums du docteur Rivière ; un tout petit tas pour le reste de la maison.

« Monsieur Martin !… Monsieur Martin !… On est venu de l’Enregistrement pour demander si vous étiez malade… Il paraît que vous avez la clef de… »

Maigret entraînait son compagnon. Et celui-ci devait trimbaler ses lourdes valises dans l’escalier où il y avait des boîtes à lait et du pain frais devant les portes.

Celle de la vieille Mathilde bougea.

« Donnez-moi la clef.

— Mais…

— Ouvrez vous-même. »

Un silence profond. Le cliquetis du pêne. Puis on vit la salle à manger en ordre, avec chaque objet à sa place exacte.

Martin hésita longtemps avant de prononcer à voix haute :

« C’est moi !… Et le commissaire… »

Quelqu’un bougea, dans le lit de la chambre voisine. Martin, qui refermait la porte, gémit :

« Nous n’aurions pas dû… Elle n’y est pour rien, n’est-ce pas ?… Et dans son état… »

Il n’osait pas entrer dans la chambre. Par contenance, il ramassa ses valises qu’il posa sur deux chaises.

« Voulez-vous que je fasse du café ? »

Maigret frappait à la porte de la chambre à coucher.

« On peut entrer ? »

Pas de réponse. Il poussa l’huis, reçut en plein visage le regard fixe de Mme Martin qui était couchée, immobile, les cheveux sur des épingles.

« Excusez-moi de vous déranger… Je vous ai ramené votre mari, qui a eu le tort de s’affoler. »

Martin était derrière lui. Il le sentait, mais il ne pouvait pas le voir.

Des pas résonnaient dans la cour, et des voix, surtout des voix de femme : le personnel des bureaux et des laboratoires qui arrivait. Il était neuf heures moins une.

Un cri étouffé de la folle, à côté. Des médicaments sur la table de nuit.

« Vous vous sentez plus mal ? »

Il savait bien qu’elle ne répondrait pas, qu’elle se tiendrait, en dépit de tout, sur la même réserve farouche.

On eût dit qu’elle avait peur d’un mot, d’un seul !

Comme si un mot eût pu déchaîner des catastrophes !

Elle avait maigri. Son teint était devenu plus terne. Mais les yeux, eux, ces étranges prunelles grises, gardaient leur vie propre, ardente, volontaire.

Martin entrait, les jambes molles. Par toute son attitude, il semblait s’excuser, demander pardon.

Les yeux gris se tournèrent lentement vers lui, glacés, si durs qu’il détourna la tête en balbutiant :

« C’est à la gare de Jeumont… Une minute de plus et j’étais en Belgique… »

Il eût fallu des mots, des phrases, du bruit pour meubler tout ce vide que l’on sentait autour de chaque personnage. Un vide qui était palpable, au point que les voix résonnaient comme dans un tunnel ou dans une grotte.

Mais on ne parlait pas. On articulait péniblement quelques syllabes, avec des regards anxieux, puis le silence retombait à la façon implacable d’un brouillard.

Il se passait quelque chose, pourtant. Quelque chose de lent, de sournois : une main qui glissait sous la couverture, s’élevait en un mouvement insensible jusqu’à l’oreiller.

Une main maigre et moite de Mme Martin. Maigret, tout en regardant ailleurs, suivait ses progrès, attendait le moment où cette main atteindrait enfin son but.

« Le docteur ne doit pas venir ce matin ?

— Je ne sais pas… Est-ce que quelqu’un s’occupe de moi ?… Je suis ici comme une bête qu’on laisse mourir… »

Mais l’œil devenait plus clair parce que la main touchait enfin l’objet convoité.

Un froissement à peine perceptible de papier.

Maigret fit un pas en avant, saisit Mme Martin au poignet. Elle paraissait sans force, presque sans vie. N’empêche que, d’une seconde à l’autre, elle fit preuve d’une vigueur inouïe.

Ce qu’elle tenait, elle ne voulait pas le lâcher. Assise sur son lit, elle se défendait rageusement. Elle approchait sa main de sa bouche. Elle déchirait avec les dents la feuille banche qu’elle étreignait.

« Lâchez-moi !… Lâchez-moi ou je crie !… Et toi ?… Tu le laisses faire ?…

— Monsieur le commissaire… Je vous en supplie… » gémissait Martin.

Il tendait l’oreille. Il craignait de voir accourir les locataires. Il n’osait pas intervenir.

Перейти на страницу:
Вы автор?
Жалоба
Все книги на сайте размещаются его пользователями. Приносим свои глубочайшие извинения, если Ваша книга была опубликована без Вашего на то согласия.
Напишите нам, и мы в срочном порядке примем меры.
Комментарии / Отзывы
    Ничего не найдено.