Simenon, Georges - Le port des brumes Страница 4

Тут можно читать бесплатно Simenon, Georges - Le port des brumes. Жанр: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив, год неизвестен. Так же Вы можете читать полную версию (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте «WorldBooks (МирКниг)» или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Simenon, Georges - Le port des brumes

Simenon, Georges - Le port des brumes краткое содержание

Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - Le port des brumes» бесплатно полную версию:

Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie. Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l’un de l’autre, qu’il avait devant lui. Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé. Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l’espace, en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie. Joris ! Julie !


[http://www.amazon.fr/Port-brumes-Georges-Simenon/dp/2253142581](http://www.amazon.fr/Port-brumes-Georges-Simenon/dp/2253142581)


Simenon, Georges - Le port des brumes читать онлайн бесплатно

Simenon, Georges - Le port des brumes - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

Un homme très grand, de quarante-cinq à cinquante ans, empâté, le visage rose. Il était vêtu d’un complet de chasse gris, les jambes prises par des guêtres d’aviateur. Maigret s’avança :

— M. Grandmaison ?… Commissaire Maigret, de la PJ…

— Enchanté… prononça machinalement son interlocuteur.

Et il regarda la buvette, puis Maigret, puis encore la buvette, avec l’air de dire :

— Drôles de fréquentations pour un haut fonctionnaire !

Il continuait à marcher vers l’écluse qu’il fallait franchir pour atteindre la maison.

— Il paraît que Joris est mort ?

— Il paraît ! répliqua Maigret, qui n’aimait pas beaucoup cette attitude.

Une attitude aussi traditionnelle que possible : celle du gros personnage de petit patelin qui se croit le centre du monde, s’habille en gentilhomme campagnard et sacrifie à la démocratie en serrant distraitement des mains, en adressant de vagues bonjours aux gens du pays et en leur demandant à l’occasion des nouvelles de leurs enfants.

— Et vous tenez l’assassin ?… En somme, c’est vous qui avez amené Joris et qui… Vous permettez ?…

Et il se dirigea vers le garde-pêche, qui devait lui servir de valet quand il allait à la chasse au canard, car il lui dit :

— Tous les roseaux de gauche sont à redresser… Un des « appelants » ne vaut rien du tout… Ce matin, il était à demi mort…

— Bien ! monsieur le maire.

Il revint vers Maigret, non sans serrer la main du capitaine du port en murmurant :

— Ça va ?

— Ça va, monsieur le maire.

— Nous disions, commissaire ?… Qu’est-ce qu’il y a de vrai dans toutes ces histoires de crâne fendu, réparé, de folie et de je ne sais quoi ?…

— Vous aimiez beaucoup le capitaine Joris ?

— Il a été à mon service pendant vingt-huit ans ; c’était un brave homme, méticuleux dans le service.

— Honnête ?

— Ils le sont presque tous.

— Qu’est-ce qu’il gagnait ?

— Cela dépend, à cause de la guerre, qui a tout bouleversé… Toujours assez pour acheter sa petite maison. Et je parie qu’il avait au moins vingt mille francs en banque.

— Pas plus ?

— À cinq mille francs près, je ne crois pas.

On ouvrait les portes d’amont et le navire allait pénétrer dans le canal, tandis qu’un autre, qui arrivait de Caen, prendrait sa place et mettrait le cap sur la pleine mer.

L’air était toujours d’un calme idéal. Les gens suivaient les deux hommes des yeux. Du haut de leur bateau, les marins anglais regardaient paisiblement la foule tout en veillant à la manœuvre.

— Que pensez-vous, monsieur le maire, de Julie Legrand !

M. Grandmaison hésita, grommela :

— Une petite sotte, qui a eu la tête tournée parce que Joris l’a traitée avec trop d’égards… Elle se croit… je ne sais pas, moi !… elle se croit en tout cas autre chose que ce qu’elle est…

— Et son frère ?

— Je ne l’ai jamais vu… On m’a affirmé que c’est une crapule…

Laissant l’écluse derrière eux, ils atteignaient la grille de la maison, autour de laquelle quelques gamins continuaient à jouer en attendant un spectacle intéressant.

— De quoi est-il mort ?

— Strychnine !

Maigret avait son air le plus buté. Il marchait lentement, les deux mains dans les poches, la pipe aux dents. Et cette pipe était à l’échelle de son épais visage : elle contenait presque le quart d’un paquet de tabac gris.

Le chat blanc, étendu de tout son long sur le mur chauffé par le soleil, s’enfuit d’un bond à l’approche des deux hommes.

— Vous n’entrez pas ? questionna le maire, étonné de voir Maigret s’arrêter sans raison.

— Un instant ! À votre avis, Julie était-elle la maîtresse du capitaine ?

— Je n’en sais rien ! grommela M. Grandmaison avec impatience.

— Vous veniez souvent dans la maison ?

— Jamais ! Joris avait été un de mes employés. Et, dans ce cas…

Son sourire voulait être un sourire de grand seigneur.

— Si cela ne vous fait rien, nous en finirons au plus tôt. J’ai du monde à déjeuner…

— Vous êtes marié ?

Et, le front têtu, Maigret poursuivait son idée, la main sur la clenche de la grille.

M. Grandmaison le regarda de haut en bas, car il mesurait un mètre quatre-vingt-cinq. Le commissaire remarqua que, s’il ne louchait pas, il y avait néanmoins une dissymétrie légère dans les prunelles.

— J’aime mieux vous avertir que, si vous continuez à me parler sur ce ton, il pourrait vous en cuire… Montrez-moi ce que vous avez à me montrer…

Et il avait poussé lui-même la grille. Il gravissait le seuil. Le garde champêtre, qui montait la garde, s’effaçait avec empressement.

La cuisine avait une porte vitrée. Du premier coup d’œil, Maigret constata quelque chose d’anormal : il y voyait bien les deux femmes, mais il n’apercevait pas Julie.

— Où est-elle ? alla-t-il questionner.

— Elle est montée dans sa chambre… Elle s’est enfermée… Elle n’a pas voulu redescendre…

— Comme ça, brusquement ?

La femme du gardien du phare expliqua :

— Elle allait mieux… Elle pleurait encore, mais doucement, tout en parlant… Je lui ai dit de manger quelque chose et elle a ouvert le placard…

— Alors ?

— Je ne sais pas… Elle a paru effrayée… Elle s’est précipitée vers l’escalier et on a entendu qu’elle refermait à clé la porte de sa chambre.

Dans le placard, il n’y avait rien que de la vaisselle, un panier qui contenait quelques pommes, un plat où marinaient des harengs, deux autres plats sales où des traces de graisse laissaient supposer qu’il y avait eu des restes de viande.

— J’attends toujours votre bon plaisir ! prononça avec impatience le maire, qui était resté dans le corridor. Il est onze heures trente… Je suppose que les faits et gestes de cette fille…

Maigret ferma le placard à clé, mit celle-ci dans sa poche et se dirigea lourdement vers l’escalier.

III

L’armoire aux victuailles

— Ouvrez, Julie !

Pas de réponse, mais le bruit d’un corps se jetant sur un lit.

— Ouvrez !

Rien ! Alors Maigret donna un coup d’épaule dans le panneau, et les vis maintenant la serrure furent arrachées.

— Pourquoi n’avez-vous pas ouvert ?

Elle ne pleurait pas. Elle n’était pas agitée. Au contraire, couchée en chien de fusil, elle regardait droit devant elle, les prunelles immobiles. Lorsque le commissaire fut trop près, elle sauta du lit et se dirigea vers la porte.

— Laissez-moi ! articula-t-elle.

— Alors, remettez-moi le billet, Julie.

— Quel billet ?

Elle était agressive, croyant mieux cacher ainsi son mensonge.

— Le capitaine permettait que votre frère vînt vous voir ?

Pas de réponse.

— Ce qui veut dire qu’il ne le permettait pas ! Votre frère venait quand même ! Il paraît qu’il serait venu dans la nuit de la disparition de Joris…

Un regard dur, presque haineux.

— Le Saint-Michel était dans le port. C’était donc naturel qu’il vous rendît visite. Une question… Quand il vient, il a l’habitude de manger, n’est-ce pas ?…

« Brute ! » gronda-t-elle entre ses dents tandis qu’il poursuivait :

— Il est entré ici hier pendant que vous étiez à Paris. Il ne vous a pas rencontrée et il vous a laissé un billet. Pour être sûr que vous le trouviez, et personne d’autre, il l’a placé dans le placard aux provisions… Donnez-moi ce papier…

— Je ne l’ai plus !

Maigret regarda la cheminée vide, la fenêtre fermée.

— Donnez-le-moi !

Elle était raidie non comme une femme intelligente, mais comme un enfant rageur. Au point que le commissaire, surprenant un de ses regards, grommela avec une pointe d’affection :

— Imbécile !

Le billet était simplement sous l’oreiller, à la place où Julie était couchée un instant plus tôt. Mais, au lieu de désarmer, la servante, obstinée, attaqua à nouveau, tenta d’arracher le feuillet des mains du commissaire que sa colère amusait.

— C’est tout ? menaça-t-il en lui maintenant les mains.

Et il lut ces lignes d’une mauvaise écriture, criblées de fautes :

Si tu reviens avec ton patron, fais bien attention à lui, car il y a des mauvaises gens qui lui en veulent. Je reviendrai dans deux ou trois jours avec le bateau. Ne cherche pas les côtelettes. Je les ai mangées. Ton frère pour la vie.

Maigret baissa la tête, si dérouté qu’il ne s’occupa plus de la jeune fille. Un quart d’heure plus tard, le capitaine du port lui disait que le Saint-Michel devait être à Fécamp, et que si les vents restaient nord-ouest il arriverait la nuit suivante.

— Vous connaissez la position de tous les bateaux ?

Et Maigret, troublé, regarda la mer qui scintillait, marquée, très loin, d’une seule fumée.

— Les ports sont reliés entre eux. Tenez ! voici la liste des navires attendus aujourd’hui.

Il montra au commissaire un tableau noir appliqué au mur du bureau du port, et des noms écrits à la craie.

— Vous avez découvert quelque chose ?… Ne vous fiez pas trop à ce qu’on raconte… Même les gens sérieux !… Si vous saviez ce qu’il peut y avoir de petites jalousies dans le pays !…

Et M. Delcourt saluait de la main le capitaine d’un cargo qui s’éloignait, soupirait en regardant la buvette :

— Vous verrez !

À trois heures, la descente du Parquet était terminée et une dizaine de messieurs sortaient de la maison de Joris, poussaient la petite grille verte, se dirigeaient vers les quatre voitures qui attendaient, entourées de curieux.

— Il doit y avoir du canard en quantité ! disait le substitut à M. Grandmaison en observant les terrains d’alentour.

— L’année est mauvaise. Mais l’an dernier…

Il se précipita vers la première voiture qui démarrait.

— Vous vous arrêtez un moment chez moi, n’est-ce pas ? Ma femme nous attend…

Maigret restait le dernier et le maire, juste assez engageant pour être poli, lui dit :

— Montez avec nous. Vous devez en être, naturellement…

Il ne restait que Julie et deux femmes dans la petite maison du capitaine Joris, et le garde champêtre, à la porte, pour attendre le fourgon mortuaire qui emmènerait le corps à Caen.

Déjà, dans les autos, cela ressemblait à certains retours d’enterrement qui, entre bons vivants, finissent le plus gaiement du monde. Le maire expliquait au substitut, tandis que Maigret était mal assis sur le strapontin :

— Si cela ne tenait qu’à moi, je vivrais ici toute l’année. Mais ma femme aime moins la campagne. Si bien que nous vivons surtout dans notre maison de Caen… Pour le moment, ma femme revient de Juan-les-Pins, où elle est restée un mois avec les enfants…

— Quel âge a l’aîné, maintenant ?

— Quinze ans…

Les gens de l’écluse regardaient passer les voitures. Et tout de suite, sur la route de Lion-sur-Mer, ce fut la villa du maire, une grosse villa normande, aux pelouses entourées de barrières blanches et semées d’animaux en porcelaine.

Dans le vestibule, Mme Grandmaison, en robe de soie sombre, recevait ses invités avec un sourire très réservé, très femme du monde. La porte du salon était ouverte. Des cigares étaient prêts, ainsi que des liqueurs, sur la table du fumoir.

Tous se connaissaient. C’était un petit monde de Caen qui se retrouvait. Une domestique en tablier blanc prenait les manteaux et les chapeaux.

— Vraiment, monsieur le juge, vous n’étiez jamais venu à Ouistreham et vous habitez Caen depuis tant d’années ?

— Douze ans, chère madame… Tiens ! mademoiselle Gisèle.

Une gamine de quatorze ans, déjà très jeune fille, surtout par le maintien, très grande bourgeoise, comme sa mère, venait s’incliner devant les invités. Cependant, on oubliait de présenter Maigret à la maîtresse de maison.

— Je suppose qu’après ce que vous venez de voir vous préférez des liqueurs à une tasse de thé… Un peu de fine, monsieur le substitut ? Madame est toujours à Fontainebleau ?…

On parlait de plusieurs côtés à la fois. Maigret attrapait au vol des bribes de phrases.

— Non !… Dix canards en une nuit, c’est un maximum… Je vous jure qu’il ne fait pas froid du tout… Le gabion est chauffé…

Et ailleurs :

— … souffrent beaucoup de la crise du fret ?

— Cela dépend des compagnies. Ici, on ne s’en ressent guère. Aucun bateau n’a été désarmé. Mais les petits armateurs, surtout ceux qui n’ont que des goélettes armées au cabotage, commencent à tirer la langue… On peut dire qu’en principe toutes les goélettes sont à vendre, car elles ne font pas leurs frais…

— Non, madame, murmurait ailleurs le substitut. Il n’y a pas de quoi s’effrayer. Le mystère, si mystère il y a dans cette mort, sera vite découvert. N’est-ce pas, commissaire ?… Mais… Vous a-t-on présenté… Le commissaire Maigret, un des chefs les plus éminents de la Police judiciaire…

Maigret était tout raide, le visage aussi peu avenant que possible. Il regarda drôlement la jeune Gisèle qui lui tendait avec un sourire une assiette de petits fours.

— Merci !

— Vraiment ? Vous n’aimez pas les gâteaux ?

— À votre santé !

— À la santé de notre aimable hôtesse !

Le juge d’instruction, un grand maigre d’une cinquantaine d’années, qui voyait à peine malgré d’épais binocles, prit Maigret à part.

— Bien entendu, je vous donne carte blanche. Mais téléphonez-moi chaque soir pour me tenir au courant. Votre avis ? Un crime crapuleux, n’est-ce pas ?…

Et, comme M. Grandmaison s’approchait, il poursuivit plus haut :

— Vous avez d’ailleurs de la chance de tomber sur un maire comme celui de Ouistreham, qui vous facilitera votre tâche… N’est-ce pas, cher ami ?… Je disais au commissaire…

— S’il le désire, cette maison sera la sienne. Je suppose que vous êtes descendu à l’hôtel ?

— Oui ! Je vous remercie de votre invitation, mais, là-bas, je suis plus près du port…

— Et vous croyez que c’est à la buvette que vous trouverez quelque chose ?… Attention, commissaire !… Vous ne connaissez pas Ouistreham !… Pensez à ce que peut être l’imagination de gens qui passent leur vie dans une buvette. Ils accuseraient père et mère rien que pour avoir une bonne histoire à raconter…

— Si on ne parlait plus de tout cela ? proposa Mme Grandmaison avec un sourire engageant. Un gâteau, commissaire ?… Vraiment ?… Vous n’aimez pas les sucreries ?…

Deux fois ! C’était trop ! Et Maigret faillit, par protestation, tirer sa grosse pipe de sa poche.

— Vous permettez… Il faut que j’aille m’occuper de certains détails…

Перейти на страницу:
Вы автор?
Жалоба
Все книги на сайте размещаются его пользователями. Приносим свои глубочайшие извинения, если Ваша книга была опубликована без Вашего на то согласия.
Напишите нам, и мы в срочном порядке примем меры.
Комментарии / Отзывы
    Ничего не найдено.