Simenon, Georges - Un crime en Hollande Страница 6
- Категория: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив
- Автор: Simenon
- Год выпуска: неизвестен
- ISBN: нет данных
- Издательство: неизвестно
- Страниц: 15
- Добавлено: 2019-10-13 14:47:45
Simenon, Georges - Un crime en Hollande краткое содержание
Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - Un crime en Hollande» бесплатно полную версию:Quand Maigret arriva à Delfzijl, une après-midi de mai, il n'avait sur l'affaire qui l'appelait dans cette petite ville plantée à l'extrême nord de la Hollande que des notions élémentaires. Un certain Jean Duclos, professeur à l'université de Nancy, faisait une tournée de conférences dans les pays du Nord. A Delfzijl, il était l'hôte d'un professeur à l'Ecole navale, M. Popinga. Or, M. Popinga était assassiné et, si l'on n'accusait pas formellement le professeur français, on le priait néanmoins de ne pas quitter la ville et de se tenir à la disposition des autorités néerlandaises. C'était tout, ou à peu près. Jean Duclos avait alerté l'université de Nancy, qui avait obtenu qu'un membre de la Police Judiciaire fût envoyé en mission à Delfzijl. La tâche incombait à Maigret. Tâche plus officieuse qu'officielle et qu'il avait rendue moins officielle encore en omettant d'avertir ses collègues hollandais de son arrivée. Par les soins de Jean Duclos, il avait reçu un rapport assez confus, suivi d'une liste des noms de ceux qui étaient mêlés de près ou de loin à cette histoire. Ce fut cette liste qu'il consulta un peu avant d'arriver en gare de Delfzijl.
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— Où est-ce ?
Il n’était pas encore allé de ce côté. C’était un grand terrain vague situé entre l’Amsterdiep et le nouveau canal, large et profond, accessible aux bateaux de mer.
En se retournant, le commissaire aperçut une fenêtre éclairée, au premier étage de la maison Popinga. Il y avait une silhouette, celle d’Any, en mouvement derrière le rideau. C’était le cabinet de travail de Popinga.
Mais on ne pouvait deviner à quelle tâche s’obstinait la jeune avocate.
Cornélius s’était un peu calmé.
— Je jure… commença-t-il.
— Non !
Cela le désarçonna. Il regarda son compagnon avec un tel ahurissement que Maigret lui tapota l’épaule en disant :
— Il ne faut jamais jurer !… Surtout dans votre situation… Est-ce que vous auriez épousé Beetje ?…
— Ya !… Ya !…
— Son père aurait accepté ?…
Silence. Tête basse, Cornélius marchait toujours, parmi les vieilles barques mises à sec qui encombraient le terrain.
On aperçut la large surface de l’Ems-Canal. A un coude se dressait un gros bateau noir et blanc dont tous les hublots étaient illuminés. Une proue très haute. Un mât et ses vergues.
C’était un ancien bateau de la marine de guerre néerlandaise, un bateau vieux de cent ans, qu’on avait amarré là, incapable désormais de naviguer, pour loger les élèves de l’Ecole navale.
Alentour, des silhouettes sombres, des lueurs de cigarettes. Une rumeur de piano venant de la salle de jeu.
Soudain une cloche agitée à la volée, tandis que toutes les silhouettes éparses sur le quai se formaient en essaim devant la passerelle et qu’au loin, sur le chemin conduisant à la ville, quatre retardataires arrivaient en courant.
Une vraie rentrée de classe, bien que tous ces jeunes gens de seize à vingt-deux ans portassent l’uniforme d’officier de marine, les gants blancs, la casquette rigide aux galons dorés.
Un vieux quartier-maître, accoudé au bastingage, les regardait défiler un à un en fumant sa pipe.
C’était vibrant, jeune, allègre. Des plaisanteries se croisaient, que Maigret ne pouvait comprendre. Les cigarettes étaient jetées au moment de franchir la passerelle. Et, à bord, des poursuites continuaient, des feintes de bataille.
Les retardataires, essoufflés, atteignaient la passerelle. Cornélius, les traits tirés, les yeux rouges, le regard fiévreux, se tourna vers Maigret.
— Allons, va !… grommela celui-ci.
L’autre comprit mieux le geste que les mots, porta la main à sa casquette, esquissa gauchement un salut militaire, ouvrit la bouche pour parler.
— Ça va !… File…
Car le quartier-maître allait rentrer, tandis qu’un élève prenait sa faction à l’entrée.
A travers les hublots, on pouvait apercevoir les jeunes gens qui déployaient les hamacs, lançaient leurs vêtements au petit bonheur.
Maigret resta à la même place jusqu’à ce qu’il eût vu Cornélius pénétrer dans la pièce, timide, gêné, les épaules de travers, recevoir un oreiller en pleine figure et se diriger vers un des hamacs du fond.
Une autre scène allait commencer, plus haute en couleur. Le commissaire n’avait pas fait dix pas dans la direction de la ville qu’il apercevait Oosting qui, comme lui, était venu assister à la rentrée des élèves.
Ils étaient tous les deux d’un certain âge, et gros, et lourds, et calmes.
Est-ce qu’ils n’étaient pas ridicules l’un comme l’autre en venant regarder des gosses qui grimpaient dans leur hamac et se battaient à coups d’oreiller ?
N’avaient-ils pas l’air de grosses mères poules surveillant un poussin aventureux ?
Ils se regardèrent. Le Baes ne broncha pas, mais toucha le bord de sa casquette.
Ils savaient d’avance que toute conversation était impossible entre eux, étant donné qu’ils ne parlaient pas la même langue.
— Goed avond… grommela pourtant l’homme de Workum.
— Bonne nuit ! fit Maigret comme un écho.
Ils suivaient la même route, un chemin qui, après deux cents mètres environ, devenait rue et pénétrait dans la ville.
Ils marchaient à peu près à même hauteur. Pour les séparer, il eût fallu que l’un d’eux ralentît ostensiblement le pas, et ils ne voulaient le faire ni l’un ni l’autre.
Oosting en sabots. Maigret en tenue de ville. Ils fumaient tous les deux la pipe, à cette différence que celle de Maigret était en bruyère et celle du Baes en terre blanche.
La troisième maison qu’ils aperçurent était un café et Oosting y entra, après avoir secoué ses sabots, qu’il laissa d’ailleurs sur le paillasson selon la mode hollandaise.
Maigret ne réfléchit qu’une seconde, entra à son tour.
Ils étaient une dizaine de marins et de mariniers autour de la même table, à fumer des pipes et des cigares, à boire de la bière et du genièvre.
Oosting serra quelques mains, avisa une chaise sur laquelle il s’assit lourdement, écouta la conversation générale.
Maigret s’installa à l’écart, sentant bien qu’en réalité l’attention était concentrée sur sa personne. Le patron, qui était dans le groupe, attendit quelques instants avant de venir lui demander ce qu’il buvait.
Le genièvre coula d’une fontaine de porcelaine et de cuivre. C’était son odeur qui régnait là comme dans tous les cafés hollandais et qui rendait l’atmosphère si différente de celle d’un café de France.
Les petits yeux d’Oosting riaient chaque fois qu’ils se fixaient sur le commissaire.
Celui-ci allongea les jambes, les rentra sous sa chaise, les allongea à nouveau, bourra une pipe, par contenance, et le patron se leva tout exprès pour venir lui donner du feu.
— Mote veer !…
Maigret ne comprenait pas, fronçait les sourcils, faisait répéter.
— Mote veer, ya !… Oost vind…
Tous les autres écoutaient, se poussaient du coude. Il y eut quelqu’un pour montrer la fenêtre, le ciel étoilé.
— Mote veer !… Bel temps !…
Et il essayait d’expliquer que le vent venait de l’est, ce qui était parfait.
Oosting choisissait parmi les cigares d’une caisse. Il en remua cinq ou six qu’on avait posés devant lui. Ostensiblement, il prit un manille noir comme du charbon dont il cracha le bout par terre avant de l’allumer.
Puis il montra sa casquette neuve à ses compagnons.
— Vier gulden…
Quatre florins ! Quarante francs ! Ses yeux rigolaient toujours.
Mais quelqu’un entra, qui déploya un journal, parla des derniers cours du fret à la Bourse d’Amsterdam.
Et dans la conversation animée qui suivait, pareille à une dispute, à cause des voix sonores et de la dureté des syllabes, on oublia Maigret, qui tira de la petite monnaie d’argent de sa poche et alla se coucher à l’Hôtel Van Hasselt.
V
Les hypothèses de Jean Duclos
Du Café Van Hasselt, où il prenait le lendemain matin son petit déjeuner, Maigret assista à la perquisition qui ne lui avait pas été annoncée. Il est vrai qu’il s’était contenté d’une brève entrevue avec la police néerlandaise.
Il pouvait être huit heures du matin. La brume n’était pas tout à fait dissipée, mais on sentait que le soleil d’une belle journée était derrière elle. Un cargo finlandais sortait du port, traîné par un remorqueur.
Devant un petit café, à l’angle du quai, il y avait une grande réunion d’hommes, tous en sabots et en casquette de marin, qui discutaient par petits groupes.
C’était la bourse des schippers, c’est-à-dire des mariniers dont les bateaux de tous modèles emplissaient un bassin du port, grouillant de femmes et d’enfants.
Plus loin, un autre groupe, une poignée d’hommes : le Club des rats de quai.
Or, deux gendarmes en uniforme venaient d’arriver. Ils étaient montés sur le pont du bateau d’Oosting et celui-ci avait jailli de l’écoutille, car, quand il était à Delfzijl, il couchait toujours à son bord.
Un civil arrivait à son tour : M. Pijpekamp, l’inspecteur qui avait la direction de l’enquête. Il retira son chapeau, parla poliment. Les deux gendarmes disparurent à l’intérieur.
La perquisition commençait. Tous lesschippers s’en étaient aperçus. Et pourtant il n’y eut pas le moindre rassemblement, pas même un mouvement de curiosité apparente.
Le Club des rats de quai ne bronchait pas davantage. Quelques regards, en tout et pour tout.
Cela dura une bonne demi-heure. Les gendarmes, en sortant, firent le salut militaire. M. Pijpekamp parut s’excuser.
Seulement, ce matin-là, le Baes n’eut pas l’air de vouloir descendre à terre. Au lieu d’aller rejoindre le groupe de ses amis un peu plus loin, il s’assit sur le banc de quart, jambes croisées, regarda vers le large, où le cargo finlandais évoluait lourdement, et resta immobile à fumer sa pipe.
Quand Maigret se retourna, Jean Duclos descendait de sa chambre, les bras encombrés d’une serviette, de livres, de dossiers, qu’il alla poser sur la table qu’il s’était réservée.
Il affecta de questionner, sans saluer Maigret :
— Eh bien ?…
— Eh bien ! Je crois que je vous souhaite le bonjour…
L’autre le regarda avec un certain étonnement, haussa les épaules, comme pour dire que ce n’était vraiment pas la peine de se froisser.
— Vous avez découvert quelque chose ?
— Et vous ?
— Vous savez bien qu’en principe je n’ai pas le droit de sortir d’ici. Votre collègue hollandais a heureusement compris que mes connaissances pouvaient lui être utiles, et je suis tenu au courant des résultats de l’enquête… Ce sont des usages dont pourrait parfois s’inspirer la police française…
— Parbleu !
Le professeur se précipita vers Mme Van Hasselt qui entrait, les cheveux sur des épingles, la saluait comme il l’eût fait dans un salon et lui demandait apparemment des nouvelles de sa santé.
Maigret, lui, regardait les papiers étalés, reconnaissait de nouveaux plans et schémas, non seulement de la maison des Popinga, mais de la ville presque entière, avec des traits pointillés qui devaient figurer le chemin suivi par certaines personnes.
Le soleil, qui traversait les vitraux multicolores des fenêtres, emplissait la salle aux cloisons vernies de lumière verte, rouge et bleue. Un camion de brasseur s’était arrêté devant la porte, et, pendant toute la conversation qui suivit, deux colosses ne cessèrent de rouler des tonneaux sur le plancher, surveillés par Mme Van Hasselt en toilette du matin. Jamais l’odeur de genièvre et de bière n’avait été aussi dense. Jamais non plus Maigret n’avait senti à ce point la Hollande.
— Vous avez découvert le coupable ? dit-il, mi-figue, mi-raisin, en désignant les dossiers.
Un regard vif, aigu de Duclos. Et la réplique :
— Je commence à croire que les étrangers ont raison ! Le Français est avant tout un homme qui ne peut renoncer à l’ironie… En l’occurrence, elle tombe à faux, monsieur !
Maigret le regardait en souriant, nullement démonté. Et l’autre poursuivait :
— Je n’ai pas découvert l’assassin, non ! J’ai peut-être fait un peu plus. J’ai analysé le drame. Je l’ai disséqué. J’en ai isolé tous les éléments, et maintenant…
— Maintenant ?…
— C’est sans doute un homme comme vous qui, profitant de mes déductions, terminera l’affaire.
Il s’était assis. Il était bien décidé à parler, même dans cette ambiance que lui-même avait rendue hostile. Maigret s’installa en face de lui, commanda un verre de Bols.
— Je vous écoute !
— Vous remarquerez d’abord que je ne vous demande même pas ce que vous avez fait ni ce que vous pensez. J’en arrive au premier assassin possible, c’est-à-dire moi… J’avais, si je puis dire, la position stratégique la meilleure pour tuer Popinga et, en outre, on m’a vu avec l’arme du crime à la main quelques instants après l’attentat…
» Je ne suis pas riche, et, si je suis connu dans le monde entier, ou à peu près, c’est par un petit nombre d’intellectuels. J’ai une existence difficile, médiocre… Seulement, il n’y a pas eu vol et d’aucune manière je ne pouvais espérer un profit de la mort du professeur…
» Attendez ! Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse retenir de charges contre moi. Et l’on ne manquera pas de rappeler qu’au cours de la soirée, comme nous discutions police scientifique, j’ai défendu la thèse qu’un homme intelligent commettant un crime, de sang-froid, en faisant appel à toutes ses facultés, pouvait tenir tête à une police mal instruite…
» D’où des gens déduiront que j’ai voulu illustrer ma théorie par un exemple. Entre nous, je puis vous affirmer que, s’il en était ainsi, la possibilité de me soupçonner n’eût même pas existé.
— A votre santé ! dit Maigret, qui suivait les allées et venues des brasseurs au col de taureau.
— Je continue. Et je prétends que, si je n’ai pas commis ce crime, que s’il a été commis néanmoins, comme tout le laisse supposer, par quelqu’un se trouvant dans la maison, toute la famille est coupable…
» Ne sursautez pas ! Regardez ce plan ! Et surtout essayez de comprendre les quelques considérations psychologiques que je vais développer…
Cette fois, Maigret ne put s’empêcher de sourire devant la condescendance méprisante du professeur.
— Vous avez sans doute entendu dire que Mme Popinga, née Van Elst, appartient à la branche la plus rigoriste de l’Eglise protestante. Son père, à Amsterdam, fait figure de farouche conservateur. Et sa sœur Any, à vingt-cinq ans, se mêle déjà de politique, avec les mêmes idées…
» Vous n’êtes ici que depuis hier et il y a bien des traits de mœurs que vous ne connaissez pas encore. Par exemple, savez-vous qu’un professeur à l’Ecole navale s’attirerait une sévère réprimande de ses supérieurs si on le voyait seulement entrer dans un café comme celui-ci ?
» L’un d’eux a été cassé uniquement parce qu’il s’obstinait à recevoir un journal qui passe pour avancé…
» Je n’ai vu Popinga qu’un soir. Cela m’a suffi, surtout après avoir entendu parler de lui…
» Vous diriez un bon garçon ! Et même un bon gros garçon ! Un visage poupin !… Des yeux clairs, joyeux !…
» Seulement il a voyagé, comme marin. Il a endossé, au retour, comme un uniforme d’austérité. Mais l’uniforme craquait à toutes les coutures…
» Comprenez-vous ? Vous allez sourire ! Un sourire de Français. Il y a quinze jours, c’était la réunion hebdomadaire du club auquel il appartenait… Les Hollandais, n’allant pas au café, se réunissent sous prétexte de club dans une salle qui leur est réservée, jouent au billard, au bowling…
» Eh bien ! il y a quinze jours, Popinga, à onze heures du soir, était ivre… La même semaine, l’œuvre que préside sa femme faisait une collecte pour acheter des vêtements aux indigènes des îles océaniennes. Et l’on a entendu Popinga affirmer, les joues rouges, les yeux brillants :
Жалоба
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