Simenon, Georges - Le chien jaune Страница 7
- Категория: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив
- Автор: Simenon
- Год выпуска: неизвестен
- ISBN: нет данных
- Издательство: неизвестно
- Страниц: 15
- Добавлено: 2019-10-13 14:47:10
Simenon, Georges - Le chien jaune краткое содержание
Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - Le chien jaune» бесплатно полную версию:En ce vendredi 7 novembre, à Concarneau, quand l'horloge lumineuse indique onze heures, toutes les routes sont désertes. Mais à l'hôtel l'Amiral, il y a encore des hommes en train de jouer aux cartes. Cinq minutes plus tard, l'un des joueurs, M. Mostaguen sort ivre de l'hôtel, avance d'environ 200 mètres, s'arrête sur le seuil d'une maison, allume son cigare puis tombe en arrière, blessé par une balle. Malgré l'arrivée de Maigret, les crimes se succèdent et, à chaque meurtre, on constate la présence d'un étrange chien jaune sur les lieux...
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Le commissaire, cependant, tirait de son portefeuille un mandat d’arrêt en blanc.
— Dites un mot, monsieur le maire, et je…
— Je serais curieux de savoir qui vous arrêteriez !…
— Emma !… Une plume et de l’encre, s’il vous plaît…
Il fumait à petites bouffées. Il entendit le maire qui grommelait avec l’espoir d’être entendu :
— Du bluff !…
Mais il ne se démonta pas, écrivit à grands jambages écrasés, selon son habitude :
… le nommé Ernest Michoux, administrateur de la Société immobilière des Sables-Blancs…
Ce fut plus comique que tragique. Le maire lisait à l’envers. Maigret dit :
— Et voilà ! Puisque vous y tenez, j’arrête le docteur…
Celui-ci les regarda tous les deux, esquissa un sourire jaune, comme un homme qui ne sait que répondre à une plaisanterie. Mais c’était Emma que le commissaire observait, Emma qui marchait vers la caisse et qui se retourna soudain, moins pâle qu’à l’ordinaire, sans pouvoir maîtriser un tressaillement de joie.
— Je suppose, commissaire, que vous vous rendez compte de la gravité de…
— C’est mon métier, monsieur le maire.
— Et tout ce que vous trouvez à faire, après ce qui vient de se passer, c’est d’arrêter un de mes amis… de mes camarades plutôt… enfin, un des notables de Concarneau, un homme qui…
— Avez-vous une prison confortable ?…
Michoux, pendant ce temps-là, ne semblait préoccupé que par la difficulté d’avaler sa salive.
— A part le poste de police, à la mairie, il n’y a que la gendarmerie, dans la vieille ville…
L’inspecteur Leroy venait d’entrer. Il eut la respiration coupée quand Maigret lui dit de sa voix la plus naturelle :
— Dites donc, vieux ! Vous seriez bien gentil de conduire le docteur à la gendarmerie… Discrètement !… Inutile de lui passer les menottes… Vous l’écrouerez, tout en veillant à ce qu’il ne manque de rien…
— C’est de la folie pure ! balbutia le docteur. Je n’y comprends rien… Je… C’est inouï !… C’est infâme !…
— Parbleu ! grommela Maigret.
Et, se tournant vers le maire :
— Je ne m’oppose pas à ce qu’on continue à rechercher votre vagabond… Cela amuse la population… Peut-être même est-ce utile ?… Mais n’attachez pas trop d’importance à sa capture… Rassurez les gens…
— Vous savez que quand on a mis la main sur lui, ce matin, on l’a trouvé porteur d’un couteau à cran d’arrêt ?…
— Ce n’est pas impossible…
Maigret commençait à s’impatienter. Debout, il endossait son lourd pardessus à col de velours, brossait de la manche son chapeau melon.
— A tout à l’heure, monsieur le maire… Je vous tiendrai au courant. Encore un conseil : qu’on ne raconte pas trop d’histoires aux journalistes… Au fond, dans tout ceci, c’est à peine s’il y a de quoi fouetter un chat… Vous venez ?…
Ces derniers mots s’adressaient au jeune sergent de ville qui regarda le maire avec l’air de dire : « Excusez-moi… Mais je suis obligé de le suivre… »
L’inspecteur Leroy tournait autour du docteur comme un homme bien embarrassé par un fardeau encombrant.
On vit Maigret tapoter en passant la joue d’Emma, puis traverser la place sans s’inquiéter de la curiosité des gens.
— C’est par ici ?…
— Oui… Il faut faire le tour des bassins… Nous en avons pour une demi-heure…
Les pêcheurs étaient moins bouleversés que la population par le drame qui se jouait autour du Café de l’Amiral et une dizaine de bateaux, profitant du calme relatif, se dirigeaient à la godille vers la sortie du port, où ils prenaient le vent.
L’agent de police lançait à Maigret des regards d’écolier attentif à plaire à son instituteur.
— Vous savez… M. le maire et le docteur jouaient aux cartes ensemble au moins deux fois par semaine… Cela a dû lui donner un coup…
— Qu’est-ce que les gens du pays racontent ?…
— Cela dépend des gens… Les petits, les ouvriers, les pêcheurs ne s’émeuvent pas trop… Et même, ils sont presque contents de ce qui arrive… Parce que le docteur, M. Le Pommeret et M. Servières n’avaient pas très bonne réputation… C’étaient des messieurs, évidemment… On n’osait rien leur dire… N’empêche qu’ils abusaient un peu, quand ils débauchaient toutes les gamines des usines… L’été, avec leurs amis de Paris, c’était pis… Ils étaient toujours à boire, à faire du bruit dans les rues à des deux heures du matin, comme si la ville leur appartenait… Nous avons reçu souvent des plaintes… Surtout en ce qui concerne M. Le Pommeret, qui ne pouvait pas voir un jupon sans s’emballer… C’est triste à dire… Mais les usines ne travaillent guère… Il y a du chômage… Alors, avec de l’argent… toutes ces filles…
— Dans ce cas, qui est ému ?…
— Les autres !… Les bourgeois !… Et les commerçants qui se frottaient au groupe du Café de l’Amiral… C’était comme le centre de la ville, n’est-ce pas ?… Même le maire qui y venait…
L’agent était flatté de l’attention que lui prêtait Maigret.
— Où sommes-nous ?
— Nous venons de quitter la ville… A partir d’ici, la côte est à peu près déserte… Il n’y a que des rochers, des bois de sapins, quelques villas habitées l’été par des gens de Paris… C’est ce que nous appelons la pointe du Cabélou…
— Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de fureter de ce côté ?…
— Quand vous nous avez dit, à mon collègue et à moi, de rechercher un vagabond qui pourrait être le propriétaire du chien jaune, nous avons d’abord fouillé les vieux bateaux de l’arrière-port… De temps en temps, on y trouve un chemineau… L’an dernier, un cotre a brûlé, parce qu’un rôdeur avait oublié d’éteindre le feu qu’il y avait allumé pour se réchauffer…
— Rien trouvé ?
— Rien… C’est mon collègue qui s’est souvenu de l’ancien poste de veille du Cabélou… Nous y arrivons… Vous voyez cette construction carrée, en pierres de taille, sur la dernière avancée de roche ?… Elle date de la même époque que les fortifications de la vieille ville… Venez par ici… Faites attention aux ordures… Il y a très longtemps, un gardien vivait ici, comme qui dirait un veilleur, dont la mission était de signaler les passages de bateaux… On voit très loin… On domine la passe des Glénan, la seule qui donne accès à la rade… Mais il y a peut-être cinquante ans que c’est désaffecté…
Maigret franchit un passage dont la porte avait disparu, pénétra dans une pièce dont le sol était de terre battue. Vers le large, d’étroites meurtrières donnaient vue sur la mer. De l’autre côté, une seule fenêtre, sans carreaux, sans montants.
Et, sur les murs de pierre, des inscriptions faites à la pointe du couteau. Par terre, des papiers sales, des détritus innombrables.
— Voilà !… Pendant près de quinze ans, un homme a vécu ici, tout seul… Un simple d’esprit… Une sorte de sauvage… Il couchait dans ce coin, indifférent au froid, à l’humidité, aux tempêtes qui jetaient des paquets de mer par les meurtrières… C’était une curiosité… Les Parisiens venaient le voir, l’été, lui donnaient des pièces de monnaie… Un marchand de cartes postales a eu l’idée de le photographier et de vendre ces portraits à l’entrée. L’homme a fini par mourir, pendant la guerre… Personne n’a songé à nettoyer l’endroit… J’ai pensé hier que, si quelqu’un se cachait dans le pays, c’était peut-être ici…
Maigret s’engagea dans un étroit escalier creusé à même l’épaisseur du mur, arriva dans une guérite ou plutôt dans une tour de granit ouverte des quatre côtés et permettant d’admirer toute la région.
— C’était le poste de veille… Avant l’invention des phares, on allumait un feu sur la terrasse… Donc, ce matin de bonne heure, nous sommes venus, mon collègue et moi… Nous avancions sur la pointe des pieds… En bas, à la place même où dormait jadis le fou, nous avons vu un homme qui ronflait… Un colosse !… On entendait sa respiration à quinze mètres… Et nous sommes arrivés à lui passer les menottes avant qu’il se réveille…
Ils étaient redescendus dans la chambre carrée que les courants d’air rendaient glaciale.
— Il s’est débattu ?…
— Même pas !… Mon collègue lui a demandé ses papiers et il n’a pas répondu… Vous n’avez pas pu le voir… A lui seul, il est plus fort que nous deux… Au point que je n’ai pas lâché la crosse de mon revolver… Des mains !… Les vôtres sont grosses, n’est-ce pas ?… Eh bien ! essayez d’imaginer des mains deux fois plus grosses, avec des tatouages…
— Vous avez vu ce qu’ils représentaient ?
— Je n’ai vu qu’une ancre, sur la main gauche, et les lettres SS des deux côtés… Mais il y avait des dessins compliqués… Peut-être un serpent ?… Nous n’avons pas touché à ce qui traînait par terre… Tenez !…
Il y avait de tout : des bouteilles de vin fin, d’alcool de luxe, des boîtes à conserve vides et une vingtaine de boîtes intactes.
Il y avait mieux : les cendres d’un feu qui avait été allumé au milieu de la pièce, et, tout près, un os de gigot dénudé. Des quignons de pain. Quelques arêtes de poisson. Une coquille Saint-Jacques et des pinces de homard.
— Une vraie bombe, quoi ! s’extasiait le jeune agent, qui n’avait jamais dû faire un pareil festin. Ceci nous a expliqué les plaintes reçues ces derniers temps… Nous n’y avions pas pris garde, parce qu’il ne s’agissait pas d’affaires importantes… Un pain de six livres volé au boulanger… Un panier de merlans disparu d’une barque de pêche… Le gérant du dépôt Prunier qui prétendait qu’on lui chipait des homards pendant la nuit…
Maigret faisait un étrange calcul mental, essayait d’établir en combien de jours un homme de fort appétit avait pu dévorer ce qui avait été consommé là.
— Une semaine… murmura-t-il… Oui… Y compris le gigot…
Il questionna soudain :
— Et le chien ?…
— Justement ! Nous ne l’avons pas retrouvé… Il y a bien des traces de pattes sur le sol, mais nous n’avons pas vu la bête… Vous savez ! le maire doit être dans tous ses états, à cause du docteur… Cela m’étonnerait qu’il ne télégraphie pas à Paris, comme il l’a dit…
— Votre homme était armé ?…
— Non ! C’est moi qui ai fouillé ses poches pendant que mon collègue Piedbœuf, qui tenait les menottes, le mettait en joue de l’autre main… Dans une poche du pantalon, il y avait des marrons grillés… Quatre ou cinq… Cela doit venir de la charrette qui stationne le samedi et le dimanche soir devant le cinéma… Puis quelques pièces de monnaie… Pas même dix francs… Un couteau… Mais un couteau terrible… Un couteau comme ceux dont se servent les marins pour couper leur pain…
— Il n’a pas prononcé un mot ?…
— Pas un… Au point que nous avons pensé, mon collègue et moi, qu’il était simple d’esprit, comme l’ancien locataire… Il nous regardait à la façon d’un ours… Il avait une barbe de huit jours, deux dents cassées au beau milieu de la bouche…
— Ses vêtements ?
— Je ne pourrais pas vous dire… Un vieux costume… Je ne sais même plus si, en dessous, il portait une chemise ou un tricot… Il nous a suivis docilement… Nous étions fiers de notre prise… Il aurait pu s’enfuir dix fois avant d’arriver en ville… Si bien que nous étions sans méfiance quand, d’une secousse, il a cassé les chaînes des menottes… J’ai cru que mon poignet droit était arraché… Je porte encore la marque… A propos du docteur Michoux…
— Eh bien ?…
— Vous savez que sa mère doit revenir aujourd’hui ou demain… C’est la veuve d’un député… On dit qu’elle a le bras long… Et elle est l’amie de la femme du maire…
Maigret regarda l’océan gris à travers les meurtrières. Des petits bateaux à voiles se faufilaient entre la pointe du Cabélou et un écueil que le ressac laissait deviner, viraient de bord et allaient mouiller leurs filets à moins d’un mille.
— Vous croyez vraiment que c’est le docteur qui…
— Partons ! dit le commissaire.
La marée montait. Quand ils sortirent, l’eau commençait à lécher la plate-forme. Un gamin, à cent mètres d’eux, sautait de roche en roche, à la recherche des casiers qu’il avait placés dans les creux. Le jeune agent ne se résignait pas au silence.
— Le plus extraordinaire, c’est qu’on se soit attaqué à M. Mostaguen, qui est le meilleur homme de Concarneau… Au point qu’on voulait en faire un conseiller général… Il paraît qu’il est sauvé, mais que la balle n’a pas pu être extraite… Si bien que toute sa vie il gardera un morceau de plomb dans le ventre !… Quand on pense que sans cette idée d’allumer un cigare…
Ils ne contournèrent pas les bassins, mais traversèrent une partie du port dans le bac qui fait la navette entre le passage et la vieille ville.
A peu de distance de l’endroit où, la veille, des jeunes gens assaillaient le chien jaune à coups de pierres, Maigret avisa un mur, une porte monumentale surmontée d’un drapeau et des mots : Gendarmerie nationale.
Il traversa la cour d’un immeuble datant de Colbert. Dans le bureau, l’inspecteur Leroy discutait avec un brigadier.
— Le docteur ?… questionna Maigret.
— Justement ! Le brigadier ne voulait rien entendre pour ce qui est de laisser venir les repas du dehors…
— Ou alors, c’est sous votre responsabilité ! dit le brigadier à Maigret. Et je vous demanderai une pièce qui me serve de décharge…
La cour était calme comme un cloître. Une fontaine coulait avec un adorable glouglou.
— Où est-il ?…
— Là-bas, à droite… Vous poussez la porte… C’est ensuite la deuxième porte dans le couloir… Voulez-vous que j’aille vous l’ouvrir ?… Le maire a téléphoné pour recommander de traiter le prisonnier avec les plus grands égards…
Maigret se gratta le menton. L’inspecteur Leroy et l’agent de police, qui étaient presque du même âge, le regardaient avec une pareille curiosité timide.
Quelques instants plus tard, le commissaire entrait seul dans un cachot aux murs blanchis à la chaux, qui n’était pas plus triste qu’une chambrée de caserne.
Michoux, assis devant une petite table en bois blanc, se leva à son arrivée, hésita un instant, commença en regardant ailleurs :
— Je suppose, commissaire, que vous n’avez joué cette comédie que pour éviter un nouveau drame, en me mettant à l’abri de… des coups de…
Maigret remarqua qu’on ne lui avait retiré ni ses bretelles, ni son foulard, ni ses lacets, comme c’est la règle. De la pointe du pied, il attira une chaise à lui, s’assit, bourra une pipe et grommela bonhomme :
— Parbleu !… Mais asseyez-vous donc, docteur !…
VI
Un lâche
Жалоба
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