Simenon, Georges - Le port des brumes Страница 8

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Simenon, Georges - Le port des brumes

Simenon, Georges - Le port des brumes краткое содержание

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Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie. Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l’un de l’autre, qu’il avait devant lui. Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé. Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l’espace, en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie. Joris ! Julie !


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— Je ne sais pas.

— Et vous êtes venue aujourd’hui à Notre-Dame-des-Dunes pour reprendre votre coquillage ?

— Parce que j’ai pensé que si on le trouvait on imaginerait tout autre chose que la vérité. Avouez que vous ne me croyez pas ?

Au lieu de répondre, il questionna :

— Vous avez vu votre frère ?

Elle sursauta.

— Quand ?

— Cette nuit ou ce matin ?

— Louis est ici ?

Et cela semblait l’effrayer, la dérouter.

— Le Saint-Michel est arrivé.

Ces mots la rassurèrent un peu, comme si elle eût craint de voir arriver son frère sans la goélette.

— Alors, il est parti à Caen ?

— Non ! Il est allé se coucher à bord d’une des dragues.

— Marchons ! dit-elle. J’ai froid.

La brise du large était de plus en plus fraîche et le ciel se couvrait davantage.

— Cela lui arrive souvent de dormir dans un vieux bateau ?

Elle ne répondait pas. La conversation tomba d’elle-même. Ils marchèrent sans entendre rien d’autre que le crissement du sable qui se tassait sous leurs pas. Et des poux de mer crépitaient devant eux, dérangés dans leur festin d’algues apportées par la marée.

Deux images se rejoignaient dans la mémoire de Maigret : « Yacht… Stylo en or… »

Et un travail machinal se faisait dans son cerveau. Le matin, le porte-plume était difficilement explicable, parce qu’il ne s’harmonisait pas avec le Saint-Michel, ni avec ses hôtes plus ou moins débraillés. « Yacht… Stylo en or… »

C’était plus logique ! Un homme riche, d’un certain âge, qui cherche un yacht pour voyager et qui perd un porte-plume en or…

Seulement, il restait à expliquer pourquoi cet homme, au lieu de pénétrer avec la goélette dans le port, quittait celle-ci à bord du canot, se hissait sur la jetée et allait se cacher dans une drague à moitié pleine d’eau.

— Le soir de la disparition de Joris, quand votre frère est allé vous voir, il ne vous a pas parlé de son acheteur ? Il ne vous a pas dit, par exemple, que celui-ci était à bord ?

— Non… Il m’a seulement affirmé que l’affaire était presque faite.

On atteignait le pied du phare. La maison de Joris était là, à gauche, et dans le jardin il y avait encore des fleurs plantées par le capitaine.

Julie s’assombrit, parut découragée, regarda autour d’elle comme quelqu’un qui ne sait plus que faire dans la vie.

— On va sans doute vous appeler chez le notaire pour le testament. Vous voilà riche…

— Ça ne prend pas ! dit-elle sèchement.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous le savez bien… Ces histoires de fortune… Le capitaine n’était pas riche…

— Vous ne pouvez pas le savoir.

— Il ne me cachait rien. S’il avait eu des centaines de mille francs, il me l’aurait dit. Et il n’aurait pas hésité, l’hiver dernier, à s’acheter un fusil de chasse de deux mille francs ! Pourtant il en avait bien envie. Il avait vu celui du maire et il s’était informé du prix…

Maintenant ils étaient à la grille.

— Vous entrez ?

— Non… Je vous verrai peut-être tout à l’heure…

Elle hésitait à pénétrer dans la maison où elle serait toute seule.

Des heures sans grand intérêt. Maigret rôda autour de la drague comme un promeneur du dimanche qui contemple avec un respect instinctif un spectacle mystérieux pour lui. Il y avait des tubes de fort diamètre, des bennes, des chaînes, des cabestans…

Vers onze heures, il prit l’apéritif avec les gens du port.

— On n’a pas vu Grand-Louis ?

On l’avait vu, assez tôt le matin. Il avait bu deux verres de rhum au bistrot et il avait disparu le long de la grand-route.

Maigret avait sommeil. Peut-être, la nuit, avait-il pris froid ? Toujours est-il que son humeur était celle de quelqu’un qui couve une grippe. Cela se marquait dans ses attitudes, sur son visage, qui paraissait moins énergique.

Il ne s’en préoccupa pas et cela eut pour conséquence d’accroître l’inquiétude ambiante. Ses compagnons le regardaient à la dérobée. On manquait d’entrain. Le capitaine Delcourt demanda :

— Qu’est-ce que je dois faire du canot ?

— Amarrez-le quelque part !

Maigret eut encore une question maladroite.

— On n’a pas vu, ce matin, un étranger dans les rues ?… On n’a rien remarqué d’anormal du côté des dragues ?…

On n’avait rien vu ! Mais, maintenant qu’il avait dit cela, on s’attendait à voir quelque chose.

C’était curieux : tout le monde s’attendait à un drame ! Un pressentiment ? La sensation que le cycle des événements n’était pas complet, qu’il manquait un anneau à la chaîne ?

Sirène de bateau qui demandait l’écluse. Les hommes se levèrent. Maigret alla lourdement jusqu’à la poste voir s’il n’y avait rien pour lui. Un télégramme de Lucas annonçait son arrivée à 2 h. 10.

Et à cette heure-là, le petit train qui longe le canal, de Caen à Ouistreham, pareil à un jouet d’enfant, avec ses wagons du même modèle qu’en 1850, s’annonça dans le lointain, stoppa devant le port dans un vacarme de vapeur sifflante et de freins serrés.

Lucas descendait, la main tendue, s’étonnait du visage renfrogné de Maigret.

— Eh bien ?

— Ça va !

Lucas ne put s’empêcher de rire, en dépit de la hiérarchie.

— On ne le dirait pas ! Vous savez : je n’ai pas déjeuné…

— Viens à l’hôtel… Il restera bien quelque chose à manger…

Ils s’assirent dans la grande salle où le patron servit le brigadier. Les deux hommes parlaient à mi-voix. L’hôtelier semblait attendre le moment d’intervenir.

En apportant le fromage, il crut que l’occasion se présentait et prononça :

— Vous savez ce qui est arrivé au maire ?

Maigret sursauta, si anxieux que le patron en fut dérouté.

— Rien de grave… Enfin, tout à l’heure, en descendant l’escalier, chez lui, il est tombé… On ne sait pas comment il a fait son compte, mais il a la figure si mal arrangée qu’il a dû se mettre au lit…

Alors Maigret eut une intuition. Le mot convient, puisque sa pensée aiguë reconstitua l’événement en l’espace d’une seconde.

— Mme Grandmaison est toujours à Ouistreham ?

— Non ! elle est partie ce matin de bonne heure avec sa fille… Je suppose qu’elle est allée à Caen… Elle a pris la voiture.

Maigret n’avait déjà plus la grippe. Il grommelait :

— Tu en as encore pour longtemps à manger ?

Et Lucas, placide :

— Naturellement ! Cela paraît monstrueux de voir quelqu’un faire preuve d’appétit quand on a l’estomac plein… Mettons trois minutes ! N’emportez pas encore le camembert, patron !…

VI

La chute dans l’escalier

L’hôtelier n’avait pas menti, mais la nouvelle, telle qu’il l’avait présentée, était à tout le moins exagérée : M. Grandmaison n’était pas au lit.

Quand, après avoir envoyé Lucas surveiller la drague, Maigret se dirigea vers la villa normande, il distingua derrière la fenêtre principale une silhouette dans la pose classique du malade qui doit garder la chambre.

On ne voyait pas les traits. Mais c’était évidemment le maire.

Plus loin dans la pièce quelqu’un était debout, un homme, qu’on ne pouvait reconnaître davantage.

Au moment où Maigret sonna, il y eut, à l’intérieur, plus d’allées et venues qu’il est nécessaire pour venir ouvrir une porte. La servante se montra enfin, une servante entre deux âges, assez revêche. Elle devait avoir un mépris incommensurable pour tous les visiteurs, car elle ne se donna pas la peine de desserrer les dents.

La porte ouverte, elle monta les quelques marches qui conduisaient au hall, laissant à Maigret le soin de refermer l’huis. Puis elle frappa à une porte à deux battants, s’effaça, tandis que le commissaire entrait dans le bureau du maire.

Il y avait dans tout cela quelque chose de bizarre. Non pas d’une étrangeté violente, mais des petits détails qui choquaient, et une atmosphère un peu anormale.

La maison était grande, presque neuve, d’un style qu’on retrouve partout sur les plages.

Mais étant donné la fortune des Grandmaison, propriétaires de la majorité des actions de l’Anglo-Normande, on eût pu s’attendre à plus de richesse.

Peut-être réservaient-ils le faste pour leur demeure de Caen ?

Maigret avait fait trois pas quand une voix prononça :

— Vous voici, commissaire.

La voix venait de la fenêtre. M. Grandmaison était calé au fond d’un vaste fauteuil club, les jambes posées sur une chaise. À cause du contre-jour, on le voyait mal, mais on apercevait un foulard noué autour de son cou en place de faux col et une main qu’il tenait sur la moitié gauche de son visage.

— Asseyez-vous…

Maigret fit le tour de la pièce, pour aller se placer juste en face de l’armateur, où il s’installa enfin. Il avait quelque peine à réprimer un sourire, car le spectacle était inattendu.

La joue gauche de M. Grandmaison, que la main ne pouvait cacher tout à fait, était tuméfiée, la lèvre gonflée. Mais ce que le maire tentait surtout de couvrir, c’était un œil entouré d’un vaste cercle noir.

Ce n’eût pas été comique si l’armateur n’eût voulu néanmoins garder toute sa dignité. Il ne bronchait pas. Il regardait Maigret avec une méfiance agressive.

— Vous venez me faire part des résultats de votre enquête ?

— Non ! Vous m’avez reçu si aimablement l’autre jour, avec ces messieurs du Parquet, que j’ai voulu vous remercier de votre accueil.

Maigret n’avait jamais le sourire ironique. Au contraire ! Plus il persiflait et plus il avait les traits figés dans une expression grave.

Des yeux, il faisait le tour du bureau. Les murs étaient garnis de plans de cargos et de photographies des bateaux de l’Anglo-Normande. Les meubles étaient quelconques, en acajou de bonne qualité, mais sans plus. Sur le bureau, quelques dossiers, des lettres, des télégrammes.

Enfin un plancher verni sur la surface lisse duquel le regard du commissaire semblait prendre plaisir à se promener.

— Il paraît que vous avez eu un accident ?

Le maire soupira, remua les jambes, grommela :

— Un faux pas, en descendant l’escalier.

— Ce matin ? Mme Grandmaison a dû être effrayée !…

— Ma femme était déjà partie.

— Il est vrai que le temps n’est pas favorable à un séjour à la mer !… À moins qu’on ne soit chasseur de canards… Je suppose que Mme Grandmaison est à Caen avec votre fille ?…

— À Paris…

L’armateur était vêtu sans recherche. Un pantalon sombre, une robe de chambre sur une chemise de flanelle grise, des pantoufles de feutre.

— Qu’est-ce qu’il y avait au pied de l’escalier ?

— Que voulez-vous dire ?

— Sur quoi êtes-vous tombé ?

Un regard fielleux. Une réponse sèche :

— Mais… par terre…

C’était faux, archifaux ! On ne se fait pas un œil au beurre noir en tombant par terre ! Et surtout on ne porte pas ensuite au cou des traces de strangulation !

Or, quand le foulard s’écartait un tant soit peu, Maigret voyait parfaitement des ecchymoses qu’on essayait de lui cacher.

— Vous étiez seul dans la maison, naturellement.

— Pourquoi naturellement ?

— Parce que les accidents surviennent toujours quand il n’y a personne pour vous secourir !

— La domestique faisait son marché.

— Il n’y a qu’elle ici ?

— J’ai aussi un jardinier, mais il est parti à Caen, où il a des achats à faire.

— Vous avez dû souffrir…

Le maire était surtout inquiet, à cause précisément de la gravité de Maigret, dont la voix était presque affectueuse.

Il n’était que trois heures et demie. N’empêche que la nuit tombait déjà, que la pénombre envahissait la pièce.

— Vous permettez ?…

Il tira sa pipe de sa poche.

— Si vous voulez un cigare, il y en a sur la cheminée.

Il y avait toute une pile de caisses. Sur un plateau, un flacon de vieil armagnac. Les hautes portes étaient en pitchpin verni.

— Mais votre enquête ?…

Geste vague de Maigret, qui s’observait afin de ne pas regarder la porte qui communiquait avec le salon et qui était animée d’un mystérieux frémissement.

— Aucun résultat ?

— Aucun.

— Voulez-vous mon avis ? On a eu le tort de laisser croire à une affaire compliquée.

— Évidemment ! grogna Maigret. Comme s’il y avait quelque chose de compliqué dans les événements ! Un soir, un homme disparaît, et pendant un mois ne donne plus signe de vie. On le retrouve à Paris six semaines plus tard, le crâne fêlé et réparé, ayant perdu la mémoire. On le ramène chez lui et il est empoisonné la nuit même. Entre-temps, trois cent mille francs ont été versés, de Hambourg, à son compte en banque. C’est simple ! C’est clair !

Cette fois, il n’y avait pas à s’y tromper, malgré le ton bonhomme du commissaire.

— C’est peut-être plus simple, en tout cas, que vous le croyez. Et en supposant que ce soit très mystérieux, il vaudrait mieux, je pense, ne pas créer comme à plaisir une atmosphère d’angoisse ! À force de parler de ces choses dans certains cafés, on arrive à troubler des cerveaux que l’alcool ne rend déjà que trop peu solides.

Un regard dur, inquisiteur, était fixé sur Maigret. Le maire parlait lentement, en détachant les syllabes, et c’était comme un réquisitoire qui commençait.

— Par contre, aucun renseignement n’a été demandé par la police aux autorités compétentes !… Moi, le maire du pays, je ne sais rien de ce qui se passe là-bas, au port…

— Votre jardinier porte des espadrilles ?

Le maire regarda vivement le parquet où on voyait, sur la cire, des traces de pas. Le dessin des semelles de corde tressée était net.

— Je n’en sais rien !

— Excusez-moi de vous avoir interrompu… Une idée qui me passait par la tête… Vous disiez ?…

Mais le fil du discours était coupé. M. Grandmaison grommela :

— Vous voulez me passer la boîte de cigares du haut ?… C’est cela… Merci…

Il en alluma un, eut un soupir de douleur parce qu’il ouvrait trop les mâchoires.

— En somme, où en êtes-vous ?… Il n’est pas possible que vous n’ayez pas recueilli des renseignements intéressants…

— Si peu !

— C’est curieux, car ces gens du port ne manquent généralement pas d’imagination, surtout après quelques apéritifs…

— Je suppose que vous avez envoyé Mme Grandmaison à Paris pour lui épargner le spectacle de tous ces drames ?… Et de ceux qui pourraient éclater encore ?…

Ce n’était pas un combat. N’empêche qu’on sentait, de part et d’autre, des intentions hostiles. Peut-être simplement à cause de la classe sociale que représentaient les deux hommes.

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