Simenon, Georges - La tête dun homme Страница 4

Тут можно читать бесплатно Simenon, Georges - La tête dun homme. Жанр: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив, год неизвестен. Так же Вы можете читать полную версию (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте «WorldBooks (МирКниг)» или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Simenon, Georges - La tête dun homme

Simenon, Georges - La tête dun homme краткое содержание

Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - La tête dun homme» бесплатно полную версию:

Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés. L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir, il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse. Son visage n'exprimait rien, sinon l'hébétude, ou encore une indifférence inhumaine. Et pourtant, avant de se diriger vers la porte au judas fermé, il tendit le poing dans la direction d'un des murs.

Simenon, Georges - La tête dun homme читать онлайн бесплатно

Simenon, Georges - La tête dun homme - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

La fenêtre de la chambre ne s’était pas encore ouverte.

— Donnez-moi la Citanguette, mademoiselle !

— La ligne est occupée.

— Cela m’est égal ! Coupez !…

Et bientôt :

— C’est toi, Dufour ?…

L’inspecteur fut laconique :

— Il dort toujours !

On frappait à la porte. C’était le brigadier Lucas, qui toussa, tant la fumée de pipe était dense.

III

Le journal déchiré

— Du nouveau ?

Lucas commença par s’asseoir au bord du lit, après avoir touché la main du commissaire.

— Du nouveau ! Mais rien de fameux… Le directeur du Sifflet a fini par me remettre la lettre qu’il a reçue ce matin vers dix heures au sujet de l’histoire de la Santé…

— Donne !…

Le brigadier lui remit un papier sali, plein de surcharges au crayon bleu, car, au Sifflet, on s’était contenté de supprimer quelques passages du billet et de lier les phrases entre elles pour les envoyer à la composition.

Il y avait encore les indications typographiques, ainsi que les initiales du linotypiste qui avait composé l’article.

— Une feuille de papier dont on a coupé le haut, sans doute pour faire disparaître une mention imprimée… constata Maigret.

— Bien entendu ! C’est ce que j’ai pensé tout de suite ! Et je me suis dit que la lettre avait probablement été écrite dans un café. J’ai vu Moers, qui prétend reconnaître le papier à lettres de la plupart des cafés de Paris…

— Il a trouvé ?

— Il ne lui a pas fallu dix minutes. Le papier vient de la Coupole, boulevard Montparnasse. J’arrive de là-bas… Malheureusement, il y défile un bon millier de consommateurs par jour et plus de cinquante personnes demandent de quoi écrire…

— Qu’est-ce que Moers dit de l’écriture ?

— Encore rien ! Il faut que je lui rende la lettre et il entreprendra une expertise en règle… En attendant, si vous voulez que je retourne à la Coupole…

Maigret ne perdait pas la Citanguette de vue. L’usine la plus proche venait d’ouvrir ses portes à une foule d’ouvriers, la plupart à vélo, qu’on voyait s’éloigner dans la grisaille du crépuscule.

Au rez-de-chaussée du bistrot, une seule lampe électrique était allumée et le commissaire pouvait suivre les allées et venues des clients.

Il y avait une demi-douzaine de consommateurs devant le comptoir d’étain et quelques-uns regardaient Dufour avec une certaine méfiance.

— Qu’est-ce qu’il fait là ? questionna Lucas en apercevant de loin son collègue. Mais… c’est Janvier, qui regarde couler l’eau un peu plus loin !…

Maigret n’écoutait plus. De sa place, il apercevait le bas de l’escalier en colimaçon qui s’amorçait derrière le bar. Or des jambes venaient d’apparaître. Elles s’immobilisaient un moment, puis une silhouette s’approchait des autres et la tête blafarde de Jean Heurtin se montrait en pleine lumière.

Du même coup d’œil, le commissaire vit un journal du soir qui venait d’être posé sur une table.

— Dites donc, Lucas… Est-ce que certains journaux reprennent l’information du Sifflet ?…

— Je n’ai rien lu… Mais ils la reprendront sûrement, ne fût-ce que pour nous embêter…

Le téléphone fut décroché.

— La Citanguette, mademoiselle… En vitesse !…

Pour la première fois depuis le matin, Maigret était fébrile. Le patron, de l’autre côté de la Seine, parlait à Heurtin, lui demandait vraisemblablement ce qu’il voulait boire.

Est-ce que le premier soin de l’évadé de la Santé n’allait pas être de parcourir le journal qui était à portée de sa main ?

— Allô !… Allô, oui…

Dufour, là-bas, s’était levé, avait pénétré dans la cabine.

— Attention, vieux !… Il y a un journal sur la table… Il ne faut pas qu’il le lise… A aucun prix…

— Qu’est-ce que je dois…

— Vite !… Il vient de s’asseoir… Il a la feuille sous les yeux…

Maigret était debout, crispé. Que Heurtin lise l’article, et c’était l’écroulement de l’expérience si péniblement obtenue.

Or il voyait le condamné qui s’était laissé tomber sur le banc longeant le mur et qui, les deux coudes sur la table, se tenait la tête entre les mains.

Le patron vint poser devant lui un verre d’alcool.

Dufour allait rentrer dans la salle prendre le journal…

Lucas, encore qu’il ne fût pas au courant des détails de l’affaire, avait deviné, se penchait à la fenêtre, lui aussi. Un instant, le spectacle leur fut dérobé par le passage d’un remorqueur qui avait allumé ses feux blancs, verts et rouges et qui se mit à siffler éperdument.

— Ça y est ! grogna Maigret au moment où, là-bas, l’inspecteur Dufour rentrait dans la salle commune.

Heurtin, d’un geste négligent, avait déployé le quotidien. Est-ce que l’information qui le concernait était en première page ? Allait-il la voir aussitôt ?

Et Dufour aurait-il assez de présence d’esprit pour parer au danger ?

Détail caractéristique, l’inspecteur, avant d’agir, éprouva le besoin de se tourner vers la Seine, de lancer un regard dans la direction de la fenêtre où se tenait son chef.

Il ne semblait pas du tout l’homme de la situation, menu et propret qu’il était, dans ce bistrot envahi par de durs débardeurs et par des ouvriers d’usine.

Pourtant il s’approcha de Heurtin, tendit la main vers le journal. Il devait lui dire : « Pardon, monsieur, ceci est à moi. »

Des consommateurs du comptoir se retournèrent. Le condamné leva vers son interlocuteur des yeux étonnés.

Dufour insistait, essayait de saisir la feuille, se penchait. Lucas, à côté de Maigret, fit :

— Hum !… Hum !…

Et cela suffisait ! En effet, la scène ne tarda pas à changer. Heurtin s’était levé, lentement, comme un homme qui ne sait pas encore ce qu’il va faire.

Sa main gauche restait crispée au bord du journal que le policier, d’autre part, n’avait pas lâché.

Brusquement, son autre main saisit un siphon qui se trouvait sur la table voisine et le flacon de verre épais s’abattit sur le crâne de l’inspecteur.

Janvier n’était pas à cinquante mètres, au bord de l’eau. Pourtant il n’entendit rien.

Dufour avait chancelé. Il heurta le comptoir, où deux verres se brisèrent.

Trois hommes se précipitèrent vers Heurtin. Deux autres tenaient l’inspecteur par les bras.

Il devait y avoir une rumeur, car Janvier cessait enfin de contempler les reflets sur l’eau, tournait la tête dans la direction de la Citanguette, se mettait en marche puis, après quelques pas, commençait à courir.

— Vite !… Prends une voiture… Cours là-bas… commanda Maigret à Lucas.

Celui-ci obéit sans enthousiasme. Il savait qu’il arriverait trop tard. Janvier lui-même, qui était pourtant sur place…

Le condamné se débattait, criait quelque chose. Accusait-il Dufour d’être de la police ?

En tout cas, on lui rendit un instant la liberté de ses mouvements et il en profita pour atteindre la lampe électrique, de son siphon qu’il n’avait pas lâché.

Les deux mains crispées à la barre d’appui, le commissaire ne bougea pas. Sur le quai, en dessous de lui, un taxi se mettait en marche. Une allumette fut frottée, à la Citanguette, mais s’éteignit aussitôt. Malgré la distance, Maigret eut la quasi-certitude qu’un coup de feu était tiré.

Des minutes interminables. Le taxi, qui avait franchi le pont, s’avançait cahin-caha le long du chemin plein d’ornières qui suivait l’autre rive de la Seine.

C’était si lent qu’à deux cents mètres de la Citanguette le brigadier Lucas sauta à terre et se mit à courir. Peut-être venait-il d’entendre la détonation ?

Un coup de sifflet strident. Lucas ou Janvier qui appelait…

Et là-bas, derrière les vitres sales où des lettres d’émail annonçaient – il manquait l’M et le R - On peut apporter son manger, une bougie s’allumait, éclairait des formes penchées sur un corps.

Mais le spectacle était trouble. Les silhouettes, de si loin et si mal éclairées, étaient méconnaissables.

Sans bouger de la fenêtre, Maigret téléphonait d’une voix sourde.

— Allô !… Commissariat de Grenelle ?… Des hommes, tout de suite, en voiture, autour de la Citanguette… Et qu’on arrête, s’il essaie de fuir, un individu de haute taille, à grosse tête, au teint blafard… Qu’on prévienne un médecin…

Lucas était sur les lieux. Son taxi s’était rangé devant une des vitres de la devanture et cachait au commissaire une partie de la salle.

Debout sur une chaise, le patron du bistrot plaçait une nouvelle ampoule électrique et la lumière crue inondait à nouveau la pièce.

La sonnerie résonnait.

— Allô !… C’est vous, commissaire ?… Ici le juge Coméliau… Je suis chez moi, oui… J’ai du monde à dîner… Mais j’avais besoin d’être rassuré…

Maigret se tut.

— Allô ! Ne coupez pas… Vous êtes là ?…

— Allô, oui…

— Eh bien ?… Je vous entends à peine… Vous avez lu les journaux du soir ?… Ils se font tous l’écho des révélations du Sifflet… Je crois qu’il serait bon de…

Janvier sortait en courant de la Citanguette, se précipitait vers la droite, dans l’ombre du terrain vague.

— A part cela, tout va bien ?…

— Tout va bien ! hurla Maigret en raccrochant.

Il était en nage. Sa pipe était tombée par terre et le tabac incandescent commençait à brûler le tapis.

— Allô ! La Citanguette, mademoiselle…

— Je viens de vous donner la communication.

— Je vous demande la Citanguette… Compris ?

Et il constata, à un mouvement qui se fit dans le bistrot, que la sonnerie résonnait. Le patron voulut se diriger vers l’appareil. Lucas le devança.

— Allô, oui… commissaire ?

— C’est moi ! fit Maigret d’une voix lasse. Filé, hein ?

— Bien entendu !

— Dufour ?…

— Je crois que ce n’est pas grave… Le cuir chevelu arraché… Il ne s’est même pas évanoui.

— La police de Grenelle arrive…

— Cela ne servira à rien… Vous connaissez les lieux… Avec tous ces chantiers, ces matériaux entassés, ces cours d’usine, puis les ruelles d’Issy-les-Moulineaux…

— On a tiré ?

— Il y a eu un coup de feu… Mais je ne parviens pas à savoir qui a tiré… Ils sont tous hébétés, bien sages… Ils n’ont même pas l’air de comprendre ce qui s’est passé…

Une auto tournait l’angle du quai, déposait deux agents, puis deux autres cent mètres plus loin.

Quatre agents encore en descendaient en face du bistrot et l’un d’entre eux contournait l’immeuble afin de garder la seconde issue, selon les règles habituelles.

— Qu’est-ce que je fais ? questionna Lucas après un silence.

— Rien… Organise la chasse, à tout hasard… J’arrive…

— On a prévenu un médecin ?

— C’est fait…

La préposée au téléphone, qui gardait en même temps le bureau de l’hôtel, tressaillit en voyant une grande ombre devant elle.

Maigret était si calme, si froid, il avait le visage si hermétique qu’il ne semblait pas fait de chair.

— Combien ?

— Vous partez ?

— Combien ?

— Il faut que je demande au gérant… Combien de communications avez-vous eues ?… Attendez…

Mais, comme elle se levait, le commissaire lui saisit le bras, la rassit de force, posa un billet de cent francs sur le bureau.

— Cela suffit ?…

— Je crois… Oui… Mais…

Il s’en alla en soupirant, marcha lentement le long du trottoir, franchit le pont sans hâter le pas un seul instant.

A certain moment, il tâta ses poches pour y prendre sa pipe, ne la trouva pas, et sans doute y vit-il un mauvais présage, car il y eut sur ses lèvres un sourire amer.

Autour de la Citanguette, quelques mariniers stationnaient mais ne montraient qu’une curiosité relative. La semaine précédente, deux Arabes s’étaient entre-tués à la même place. Un mois plus tôt, on avait retiré de l’eau, à l’aide d’une gaffe, un sac qui contenait des jambes et un tronc de femme.

On apercevait les riches immeubles d’Auteuil bornant l’horizon de l’autre côté de la Seine. Des rames de métro ébranlaient un pont proche.

Il pleuvinait. Des agents en uniforme allaient et venaient en braquant autour d’eux le disque blême de leur lampe électrique.

Seul Lucas était debout, dans le bar. Les consommateurs qui avaient assisté ou pris part à la bagarre étaient assis le long du mur.

Et le brigadier allait de l’un à l’autre, examinait les papiers, tandis qu’on lui jetait de mauvais regards.

Dufour avait déjà été transporté dans la voiture de la police, qui démarrait aussi doucement que possible.

Maigret ne dit rien. Les mains dans les poches de son pardessus, il regarda autour de lui, lentement, d’un regard qui semblait infiniment lourd.

Le patron voulut lui expliquer quelque chose.

— Je vous jure, commissaire, que quand…

Maigret lui fit signe de se taire, s’approcha d’un Arabe qu’il examina des pieds à la tête et dont le teint devint terreux.

— Tu travailles, maintenant ?

— Chez Citroën, oui… Je…

— Pour combien de temps es-tu encore interdit de séjour ?…

Et Maigret fit signe à un agent. Cela voulait dire : « Emmenez !… »

— Commissaire !… criait le Sidi qu’on poussait vers la porte. Je vais vous expliquer… Je n’ai rien fait…

Maigret n’écoutait plus. Un Polonais n’avait pas ses papiers tout à fait en règle.

— Emmenez !…

C’était tout ! Par terre, c’est le revolver de Dufour qu’on trouva avec une douille vide. Il y avait des débris de siphon et de lampe électrique. Le journal était déchiré et deux éclaboussures de sang l’avaient atteint.

— Qu’est-ce qu’on en fait ? questionna Lucas, qui avait terminé l’examen des papiers.

— Lâche-les…

Janvier ne revint qu’un quart d’heure plus tard. Il trouva Maigret affalé dans un coin du bistrot, en compagnie du brigadier Lucas. Il était crotté. Il y avait des taches sombres sur son imperméable.

Il n’eut besoin de rien dire. Il s’assit près des deux autres.

Et Maigret, qui avait l’air de penser à tout autre chose, articula, en regardant vaguement le comptoir derrière lequel le patron se tenait d’un air humble et contrit :

— Du rhum…

Une fois encore sa main chercha la pipe dans ses poches.

— Donne-moi une cigarette… soupira-t-il à l’adresse de Janvier.

Et celui-ci eût voulu trouver quelque chose à dire. Mais il était si ému en voyant se tasser les épaules de son chef qu’il ne put que renifler en détournant la tête.

Перейти на страницу:
Вы автор?
Жалоба
Все книги на сайте размещаются его пользователями. Приносим свои глубочайшие извинения, если Ваша книга была опубликована без Вашего на то согласия.
Напишите нам, и мы в срочном порядке примем меры.
Комментарии / Отзывы
    Ничего не найдено.