Simenon, Georges - La tête dun homme Страница 5
- Категория: Детективы и Триллеры / Полицейский детектив
- Автор: Simenon
- Год выпуска: неизвестен
- ISBN: нет данных
- Издательство: неизвестно
- Страниц: 16
- Добавлено: 2019-10-13 14:47:27
Simenon, Georges - La tête dun homme краткое содержание
Прочтите описание перед тем, как прочитать онлайн книгу «Simenon, Georges - La tête dun homme» бесплатно полную версию:Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés. L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir, il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse. Son visage n'exprimait rien, sinon l'hébétude, ou encore une indifférence inhumaine. Et pourtant, avant de se diriger vers la porte au judas fermé, il tendit le poing dans la direction d'un des murs.
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Le juge Coméliau présidait, dans son appartement du Champ-de-Mars, à un dîner de vingt couverts, qui devait être suivi d’une sauterie intime.
Quant à l’inspecteur Dufour, on l’avait étendu sur la table d’acier d’un médecin de Grenelle qui surveillait, tout en enfilant une blouse blanche, la stérilisation de ses appareils.
— Vous croyez que ça se verra ? questionnait le policier qui, tel qu’il était placé, ne pouvait apercevoir que le plafond. Le crâne n’est pas fendu, n’est-ce pas ?…
— Mais non ! Mais non ! Quelques points de suture…
— Et les cheveux repousseront ?… Vous êtes sûr ?…
Le docteur, ses pinces brillantes à la main, fit signe à son aide de tenir solidement le patient, qui étouffa un cri de douleur.
IV
GQG
Maigret ne broncha pas une seule fois, n’esquissa pas le moindre geste de protestation, ni d’impatience.
Le visage grave, les traits tirés, il écouta jusqu’au bout, avec déférence et humilité. Peut-être seulement arriva-t-il à sa pomme d’Adam de tressaillir soudain, aux instants où M. Coméliau se montrait le plus dur, le plus véhément.
Mince, nerveux, crispé, le juge d’instruction allait et venait dans son cabinet, parlait si haut que les prévenus qui attendaient dans le couloir devaient entendre des bribes de phrases.
Parfois il saisissait un objet, qu’il maniait quelques instants et qu’il replaçait d’un geste violent sur le bureau.
Le greffier, gêné, regardait ailleurs. Et Maigret, debout, attendait, dominant le juge de toute la tête.
Ce dernier, après un dernier reproche, guetta le visage de son interlocuteur, détourna la tête parce que, quand même, Maigret était un homme de quarante-cinq ans qui, pendant vingt ans, s’était occupé des affaires policières les plus diverses et les plus délicates.
C’était surtout un homme !
— Mais enfin, vous ne dites rien ?
— J’ai annoncé tout à l’heure à mes chefs qu’ils recevront ma démission dans dix jours, si je n’ai pas réussi à leur livrer le coupable…
— Autrement dit à remettre la main sur Joseph Heurtin…
— A leur livrer le coupable, répéta Maigret très simplement.
Et le juge bondit comme un diable.
— Alors, vous croyez encore ?…
Maigret ne dit rien. Et M. Coméliau, faisant claquer ses doigts, prononça avec précipitation :
— Restons-en là, voulez-vous ?… Vous finiriez par me mettre hors de moi… Lorsque vous aurez du nouveau, téléphonez-moi…
Le commissaire salua, longea les couloirs qui lui étaient familiers. Mais au lieu de descendre vers la rue, il se dirigea vers les combles du Palais de Justice, où il poussa la porte du laboratoire de police scientifique.
Un des experts, qui le vit soudain en face, fut frappé de son aspect, questionna en tendant la main :
— Cela ne va pas ?
— Très bien, merci…
Ses yeux ne regardaient nulle part. Il gardait son gros pardessus noir sur le corps, ses mains dans les poches. Il ressemblait à quelqu’un qui, après un long voyage, revoit avec des yeux nouveaux des lieux qui lui furent familiers.
C’est ainsi qu’il mania des photographies prises la veille dans un appartement cambriolé, lut des fiches qu’un de ses collègues avait fait demander.
Dans un coin, un jeune homme glabre, long et maigre, aux yeux de myope protégés par d’épais lorgnons, le guettait avec un étonnement ému.
Sur sa table, il y avait des loupes de toutes les grosseurs, des grattoirs, des pinces, des flacons d’encres, de réactifs, ainsi qu’un écran de verre éclairé par une forte lampe électrique.
C’était Moers, qui s’était spécialisé dans l’étude des papiers, des encres et des écritures.
Il savait que c’était lui que Maigret venait voir. Et pourtant le commissaire ne le regardait même pas, allait et venait comme sans but.
Enfin il tira une pipe de sa poche, l’alluma, lança d’une voix fausse :
— Et voilà !… Au travail !…
Moers, qui savait d’où sortait le commissaire, comprit, mais feignit de n’avoir rien remarqué.
Maigret retirait son manteau, bâillait, faisait jouer les muscles de son visage, comme pour redevenir lui-même. Il saisit une chaise par le dossier, l’amena près du jeune homme, s’installa à califourchon et prononça sur un ton affectueux :
— Alors, mon petit Moers ?…
C’était fini. Il avait enfin débarqué le poids qu’il avait sur les épaules.
— Raconte…
— J’ai passé la nuit à étudier le billet… Dommage qu’il ait été tripoté par des tas de gens… Car il est inutile d’y chercher maintenant des empreintes digitales…
— Je n’y comptais pas…
— Je suis passé ce matin de bonne heure à la Coupole… J’ai examiné tous les encriers… Vous connaissez l’établissement ?… Il y a plusieurs salles distinctes : la grande brasserie d’abord, dont une partie devient restaurant à l’heure des repas… Puis la salle du premier… Puis la terrasse… Enfin un petit bar américain, à gauche, où se réunissent les habitués…
— Connais…
— C’est l’encre du bar qui a servi à écrire le billet… Les caractères ont été tracés de la main gauche, non par un gaucher, mais par quelqu’un qui sait que presque toutes les écritures de la main gauche se ressemblent…
La lettre adressée au Sifflet se trouvait encore sur l’écran de verre posé devant Moers.
— Une chose est certaine : l’expéditeur est un intellectuel, et je jurerais qu’il parle et écrit couramment plusieurs langues. Maintenant, si je tente de faire de la graphologie - Mais nous sortons du domaine des sciences exactes…
— Allez-y…
— Eh bien ! ou je me trompe fort, ou nous nous trouvons en présence d’un individu d’exception… D’abord une intelligence très au-dessus de la moyenne. Mais le plus troublant, c’est le mélange de volonté et de faiblesse, de froideur et d’émotivité. L’écriture est d’un homme… Et pourtant j’y relève des traits de caractère nettement féminins…
Moers était sur son terrain favori. Il devenait rose de plaisir. Malgré lui, Maigret sourit légèrement et le jeune homme se troubla :
— Je sais que tout cela n’est pas très clair et qu’un juge d’instruction ne m’écouterait pas jusqu’au bout… Et pourtant… Tenez, je parierais, commissaire, que l’homme qui a écrit cette lettre est atteint d’une maladie grave et le sait… S’il s’était servi de la main droite, je pourrais vous en dire davantage… Ah ! j’oubliais un détail… Il y avait des taches sur le papier… Mais peut-être ont-elles été faites à l’imprimerie… L’une d’elles, en tout cas, est une tache de café crème… Pour couper le haut de la feuille, enfin, on ne s’est pas servi d’un couteau, mais d’un objet arrondi, comme une cuiller…
— Autrement dit, le billet a été écrit hier matin, au bar de la Coupole, par un consommateur qui prenait un café crème et qui parle couramment plusieurs langues…
Maigret se leva, tendit la main en murmurant :
— Merci, mon petit… Voulez-vous me rendre la lettre ?…
Il sortit avec un grognement pour saluer tout le monde et, la porte refermée, quelqu’un dit avec une certaine admiration :
— Quand même ! Pour un coup dur…
Mais Moers, dont le culte pour Maigret était connu, le regarda de telle sorte que l’homme se tut et poursuivit l’analyse qu’il était en train de faire.
Paris avait son aspect morne des vilains jours d’octobre : une lumière crue tombait du ciel pareil à un plafond sale. Sur les trottoirs subsistaient des traces des pluies de la nuit.
Et les passants eux-mêmes avaient l’air renfrogné de gens qui ne se sont pas encore adaptés à l’hiver.
Durant toute la nuit, des ordres de service avaient été tapés à la Préfecture, transportés par des plantons dans les divers commissariats, expédiés télégraphiquement à toutes les gendarmeries, aux postes de douane et à la police des gares.
Si bien que tous les agents que la foule coudoyait, aussi bien les sergents de ville en tenue que les inspecteurs de la voie publique, de la Mondaine, des Garnis ou des Mœurs, avaient en tête un même signalement, dévisageaient les gens dans l’espoir de retrouver un même homme.
Et il en était ainsi d’un bout de Paris à l’autre. Il en allait de même en banlieue. Les gendarmes, sur les grand-routes, demandaient leurs papiers à tous les chemineaux.
Dans les trains, aux frontières, les gens s’étonnaient d’être questionnés plus minutieusement que d’habitude.
On cherchait Joseph Heurtin, condamné à mort par la Cour d’assises de la Seine, évadé de la Santé, disparu à la suite d’une rixe avec l’inspecteur Dufour dans la salle de la Citanguette.
« Au moment de sa fuite, il lui restait environ vingt-deux francs en poche », disaient les notes de service rédigées par Maigret.
Et celui-ci, tout seul, quittait le Palais de Justice sans même passer par son bureau du quai des Orfèvres, prenait un autobus pour la Bastille, sonnait au troisième étage d’un immeuble de la rue du Chemin-Vert.
Il régnait une odeur d’iodoforme et de poule au pot. Une femme qui n’avait pas encore eu le temps de faire sa toilette disait :
— Ah ! Il va être bien content de vous voir…
Dans sa chambre, l’inspecteur Dufour était couché, l’air attristé et inquiet.
— Ça va, vieux ?
— Si on peut dire… Il paraît que les cheveux ne repousseront pas sur la cicatrice et que je devrai porter perruque…
Comme il l’avait fait au laboratoire, Maigret tourna en rond dans la chambre, en homme qui ne sait où se poser. Enfin il grommela :
— Tu m’en veux ?…
La femme de Dufour, qui était encore jeune et jolie, se tenait dans l’encadrement de la porte.
— Lui, vous en vouloir ?… Depuis ce matin, il me répète qu’il se demande comment vous allez vous en tirer. Il voulait que j’aille vous téléphoner du bureau de poste…
— Allons !… A un de ces jours… prononça le commissaire. Il faudra bien que ça aille…
Il ne rentra pas chez lui, alors pourtant qu’il habitait à cinq cents mètres de là, boulevard Richard-Lenoir. Il marcha, parce qu’il avait besoin de marcher, de se sentir au milieu de la foule qui le frôlait, indifférente.
Et à mesure qu’il avançait de la sorte dans Paris, il perdait cet air équivoque d’écolier pris en faute qu’il avait le matin. Ses traits se durcissaient. Il fumait pipe après pipe, comme dans ses bons jours.
M. Coméliau eût été fort étonné, et sans doute indigné, s’il se fût douté que le moindre des soucis du commissaire était de retrouver Joseph Heurtin.
Pour Maigret, c’était une question accessoire. Le condamné à mort était quelque part, mêlé à plusieurs millions d’individus. Mais il avait la conviction que le jour où il aurait besoin de lui il mettrait presque aussitôt la main dessus.
Non ! Il pensait à la lettre écrite à la Coupole. Et aussi, peut-être davantage encore, à une question qu’il s’en voulait d’avoir négligée lors de la première enquête.
Mais, en juillet, tout le monde était tellement sûr de la culpabilité de Heurtin ! Le juge d’instruction avait tout de suite pris l’affaire en main, éliminant ainsi la police.
— Le crime a été commis à Saint-Cloud vers deux heures et demie du matin… Heurtin était de retour rue Monsieur-le-Prince avant quatre heures… Il n’a pas pris le train, ni le tramway, ni aucun moyen de transport en commun… Il n’a pas pris de taxi non plus… Son triporteur est resté chez son patron, rue de Sèvres…
Et il ne pouvait pas être rentré à pied ! Ou alors il eût été forcé de courir sans arrêt !
Au carrefour Montparnasse, la vie battait son plein. Il était midi et demi. Malgré l’automne, les terrasses des quatre grands cafés qui s’alignent à proximité du boulevard Raspail regorgeaient de consommateurs, parmi lesquels il y avait une proportion de quatre-vingts pour cent d’étrangers.
Maigret marcha jusqu’à la Coupole, avisa l’entrée du bar américain, où il pénétra.
Il n’y avait que cinq tables, toutes occupées. La plupart des clients étaient juchés sur les hauts tabourets du bar, ou debout autour de celui-ci.
Le commissaire entendit quelqu’un qui commandait :
— Un Manhattan…
Et il laissa tomber :
— La même chose…
Il était, lui, de la génération des brasseries et des bocks. Le barman poussa devant lui un plateau d’olives qu’il ne toucha pas.
— Vous permettez… fit une petite Suédoise aux cheveux plus jaunes que blonds.
Cela grouillait. Un guichet pratiqué dans le fond de la pièce s’ouvrait et se refermait sans cesse tandis que de l’office on envoyait des olives, des chips, des sandwiches et des boissons chaudes.
Quatre garçons criaient à la fois, dans un bruit d’assiettes et de verres remués, tandis que les clients s’interpellaient dans des langues différentes.
Et l’impression dominante était que consommateurs, barmen, garçons, décor formaient un tout bien homogène.
Les gens se coudoyaient familièrement et, qu’il s’agît d’une petite femme, d’un industriel qui descendait de sa limousine en compagnie de joyeux amis ou d’un rapin estonien, tout le monde appelait le barman en chef : Bob…
On s’adressait la parole, sans présentation, comme des camarades. Un Allemand parlait anglais avec un Yankee et un Norvégien mélangeait au moins trois langues pour se faire comprendre d’un Espagnol.
Il y avait deux femmes que chacun connaissait, que chacun saluait, et en l’une d’elles, Maigret reconnut, épaissie, vieillie, mais vêtue maintenant de fourrure, une gamine qu’il avait été appelé jadis à conduire à Saint-Lazare à la suite d’une rafle rue de la Roquette.
Elle avait la voix cassée, les yeux las, et on lui serrait la main en passant. Elle trônait, derrière sa table, comme si elle eût incarné à elle seule tout ce trouble mélange qui s’agitait.
— Vous avez de quoi écrire ? questionna Maigret en s’adressant à un barman.
— Pas à l’heure de l’apéritif… Ou alors il faut aller à la brasserie…
Entre les groupes bruyants, il y avait quelques isolés. Et c’était peut-être la caractéristique la plus pittoresque du lieu.
D’une part, des gens qui parlaient-haut, s’agitaient, commandaient tournée sur tournée et affichaient des vêtements aussi luxueux qu’excentriques.
D’autre part, de-ci de-là, des êtres qui ne semblaient être venus des quatre coins du monde que pour s’incruster dans cette foule brillante.
Il y avait, par exemple, une jeune femme qui n’avait certainement pas vingt-deux ans et qui portait un petit tailleur noir, bien coupé, confortable, mais qu’on avait dû repasser cent fois.
Une drôle de figure lasse et nerveuse. A côté d’elle, elle avait posé un carnet de croquis. Et, au milieu des gens prenant des apéritifs à dix francs pièce, elle buvait un verre de lait et mangeait un croissant.
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